Vive l’été en Castille : aéroport au bord de la crise… de nerfs !

L’Espagne en crise commence à voir, semble-t-il, un bout du tunnel, grâce aux exportations, produits agricoles notamment, et au tourisme. Mais la crise immobilière pèse lourdement sur le pays, banques et ménages. Des dizaines de milliers de logements neufs ne trouvent pas preneur. Et l’on met à l’encan un aéroport tout neuf.

Les caisses d’épargne de Castille-La Manche (Espagne), elles, avancent et reculent à la fois. Cœur vaillant, elles plongent en 2008 dans le financement (à 68%) d’un nouvel aéroport à 200 kilomètres au sud de Madrid.

Aéroport fantôme

Baptisé « central », premier et seul aéroport privé d’Espagne, les promoteurs de « Ciudad Real » visent le trafic des compagnies low-cost.

Almodovar passe par là

Et voient grand : équipements prêts à accueillir 2,5 millions de passagers, piste ouverte aux AirbusA380, les plus gros, au bout du compte une facture d’1 milliard d’euros.

En outre, ils reçoivent un beau coup de main du metteur en scène Pedro Almodovar, qui, après l’inauguration en 2010, y tourne son dernier film, les Amants passagers. Mais le trafic n’est pas au rendez-vous, avec 100 000 passagers l’an et des vols hebdomadaires sur les doigts de la main.

Châteaux en Espagne

Placé en liquidation judiciaire, Ciudad Real tire le rideau, mis aux enchères pour 100 millions d’euros. On imagine le plongeon des créanciers, dont deux compagnies low-cost.

Bâtir des châteaux en Espagne, c’est selon l’expression familière se repaître de chimères, comme cet aéroport qui n’existera pas.

La crise est passée par là. Promu comme le fleuron des infrastructures aéroportuaires espagnoles, Ciudad Real symbolise sans doute à l’extrême les effets d’un gaspillage, auquel notre voisin doit faire face, comme dans d’autres domaines, aujourd’hui.