Vive l’été à Cuba : Récup, quand tu nous tiens !

On ne compte plus ici et là les mille et une façons de recycler. S’il est bien une volonté, que le souci de l’environnement a mis en branle, c’est celle-là. Elle nous offre des initiatives parfois surprenantes, toujours positives. Les Cubains ont en rêvé. Raul Castro l’a fait. 

Voici qu’apparaissent sur la grande île des activités privées. Et c’est dans le domaine de la récupération de matières premières qu’elles pointent le bout du nez. Comme il y fait très chaud et qu’on y boit beaucoup, les poubelles débordent de canettes d’aluminium. Les recycler peut rapporter sinon gros, du moins quelques précieux pesos !

50 kilos pour vivre mieux

Certes à 8 pesos, soit O, 25 €, le kilo, la tâche est rude. Au bout du compte, il faut s’acharner à ramasser 50 kilos de canettes de bière ou de soda – quand on sait ce que pèse une canette vide, pour se faire l’équivalent du salaire moyen d’un fonctionnaire moyen, aux alentours de 20 $ par mois.

Des réseaux se mettent en place, d’évidence. Juana, alerte quinquagénaire, a mis le grappin sur les poubelles de 3 cafétérias de Luyano, au sud de la Havane. Et dit les « contrôler », car il faut se battre.

Travailler plus pour gagner plus

Multicartes, José, lui, fait dans la canette, mais aussi dans le papier, le carton, les bouteilles de verre et toute la ferraille possible (entre 1,5 et 2,5 pesos le kilo). Avec une prédilection pour le bronze, à 10 pesos.

Beaucoup de sueur certes, mais ces chiffonniers nouveau style retrouvent le moral. Récupérer n’est qu’une étape, après il s’agit d’ écraser les canettes, puis de porter le butin à la coop… « Au moins nous savons que plus nous travaillons, plus nous gagnons », déclare Juana à l’Afp.

Travailleurs indépendants

Ce « cri du cœur » au dernier pays de l’économie dirigée  ne surprendra pas. Les maigres ouvertures indiquent combien les Cubains rêvent de nouveaux espaces pour entreprendre et améliorer leur niveau de vie.

5700 Cubains ont inscrit leurs noms sur des listes de travailleurs indépendants en tant que collecteurs de matières premières, cela arrange bien les autorités.

Transfert au secteur privé

Le régime s’est décidé à mettre en place, depuis décembre, avec d’importants investissements, le transfert au secteur dit privé des activités de base de récupération.

Ainsi 2 coopératives viennent d’ouvrir leurs portes. Jusqu’à présent, la collecte aux mains de l’état déjouait tous les modèles de productivité !

35 % des déchets seulement

Mais bon sang ne ment pas, une entreprise d’état continue à chapeauter l’ensemble de la filière. « L’impact des indépendants est cependant déterminant », reconnaît son directeur.

Aujourd’hui, Cuba recycle près de 90 % de canettes alu et, globalement, quelques 300 tonnes de ferraille pour une valeur de 120 millions de $.

La manne est loin d’être épuisée. Les réserves sont grandes, seuls 35 % des déchets trouvent le chemin du recyclage.