Vive l’été à Asuncion : la musique au pied des décharges

Dans un pays en proie à l’extrême pauvreté, c’est toujours le sort des enfants qui inspire immédiatement entraide et solidarité. Se développent alors de multiples initiatives pour améliorer leur sort, se préoccuper de leur état de santé mais aussi de leur éducation et scolarisation.

Un chef d’orchestre paraguayen a pris un autre chemin. Les ouvrant à l’univers musical.

Dans le Paraguay de l’époque coloniale, les éducateurs jésuites avaient déjà eu l’intelligence d’apprécier ce que l’apprentissage de la musique pouvait engendrer de valeurs, respect, discipline, travail, esprit de groupe.

Un chef soucieux de social

Chef d’orchestre, compositeur,  directeur de l’orchestre symphonique d’Asuncion, ayant dirigé dans bien d’autres pays, Louis Szaran s’est porté sur leurs traces mais d’une manière originale.

Constatant les difficultés de nombreuses familles pour élever correctement leurs enfants, il a décidé de pourvoir à leur formation musicale. D’autant plus que certains gamins passent leurs journées dans les décharges pour rapporter un peu d’argent grâce à la récup’.

Bricoleur génial

Presque par hasard, l’idée a germé , grâce à un bricoleur de génie du nom de « Cola », qui vit au jour le jour près de la décharge de Catuera, de fabriquer des instruments avec des objets récupérés –  on sait que les instruments de musique coûtent cher, peu à la portée de familles modestes.

C’est ainsi qu’est né l’orchestre de la décharge. La petite formation compte 30 éléments. Son travail est à ce point abouti qu’on lui permet d’entreprendre des tournées internationales, avec un grand succès.

L’orchestre de la décharge s’inscrit dans un projet d’une autre ampleur, baptisé « Sonidos de la tierra » (Les sons du monde).

Soutenu par les écoles de musique, les églises, les associations culturelles, il a permis de former musicalement 3000 enfants et jeunes gens issus de 72 communautés urbaines locales.

Les familles, elles, sont chargées de récolter des subsides, trouver des locaux, nourrir les élèves pendant leur formation, organiser des petits concerts. L’initiative commence à inspirer d’autres pays.

«  Nous ne leur avons pas mis le poisson dans l’assiette, nous leur apprenons à le pêcher », souligne avec humour le maestro Szaran.