Une « légende » chez les primates

« J’y suis entrée scientifique, en suis ressortie militante », c’est ainsi que Jane Goodall résume avec humour ses premiers pas dans une aventure, qui allait faire d’elle la spécialiste des grands singes.

Née Britannique, « Jane » fêtera ses 80 ans cette année, mais elle est encore bon pied, bon œil, des milliers d’admirateurs ont pu le constater au cours d’une conférence donnée au Grand Rex, en février de l’an dernier, pour marquer l’avant-première en France du film « Chimpanzés » de Disneynature.

Une conférence pour une vocation

Dans les années soixante, c’est à la sortie d’une conférence sur les chimpanzés aux Etats Unis, que Jane, bouleversée, décide de s’intéresser aux grands primates, objets alors d’expérimentations médicales et déjà victimes de la destruction de leur habitat et du commerce de la viande de brousse.

Elle part en Afrique, rencontre son mentor, le célèbre paléontologue Louis Leakey, devient son assistante, s’installe dans le parc de Gombe, région du lac Tanganyika (Tanzanie).

Une vie d’ermite

Désormais, elle vivra dans la brousse, dans des conditions difficiles, seule, au plus près de groupes de singes, pour mieux les observer. Femme de caractère, à la fois frêle et déterminée, ses longs cheveux noués dans un éternel chignon, elle poursuit ses observations sous la menace permanente des braconniers.

Commence alors ce qui apparaît après coup comme la plus longue étude de terrain sur des animaux sauvages demeurés dans leur espace naturelle.

Un grand sens familial

Ses recherches, couronnées dans le monde entier, établissent formellement que les chimpanzés, comme les gorilles ou les bonobos, sont biologiquement semblables aux humains, qu’ils affirment de nombreuses capacités intellectuelles et savent notamment utiliser des outils.

De plus qu’ils ont le sens du lien familial durant toute leur vie.

Un institut sur le front

Célébrée et sollicitée dans le monde entier pour faire part de son expérience personnelle, mais aussi des activités de l’Institut, qu’elle a fondé, en 1977,  lequel s’inscrit dans une action globale de protection de la biodiversité, de gestion des ressources naturelles et d’éducation des plus jeunes.

Sans abandonner la protection des primates, la gestion de leurs réserves et la création de refuges ( en Afrique), pour accueillir majoritairement des orphelins, dont les mères ont été victimes de la chasse.

L’adieu au 15ème

Mais elle ne reste jamais éloignée de ses protégés. Ainsi, elle aime être présente, lorsque son Institut réintroduit l’un des jeunes pensionnaires dans son milieu naturel, récemment le 15 ème parmi les 60, que l’on espère « lâcher » courant 2014.

Vidéo

Ayant beaucoup parcouru l’Afrique, la primatologue ne peut faire abstraction des menaces qui pèsent sur la faune sauvage, conséquemment à  la croissance exponentielle des populations vivant autour des réserves, à leur besoin exponentiel de terres pour y vivre et y habiter et à la raréfaction des ressources naturelles.

Auxquelles il faut ajouter désormais les aléas provoqués par le changement climatique, les violences ethniques, la chasse et le braconnage.

Pas de ligne nette

Comment réconcilier, reconnecter l’homme avec cette nature sauvage et la faune qui la peuple, d’autant qu’ »aucune ligne nette », à ses yeux, ne sépare l’être humain des grands singes, cette interrogation la poursuit en permanence.

«  Quand je regarde mes 53 ans de recherche presque ininterrompue et que je réfléchis à ce qui me frappe le plus, c’est à quel point les chimpanzés nous ressemblent, bien plus que je le pensais à mes débuts », avance celle que les Nations unies ont nommée « Messager de la paix ».