L’océan plastique

La mer que nous chérissons, particulièrement en cette période de vacances d’été, est à l’image du restant de la planète, fortement polluée. Notamment par nos sociétés de consommation.

Des micro-fragments de ce plastique, qui sert ou agrémente notre quotidien ( objets, sacs, bouteilles, jouets ) ravageraient jusqu’à près de 90% la surface des océans.

On le sait maintenant, de gigantesques tourbillons, à la surface, entrainent dans leurs courants des tonnes de déchets, qui vont y rester bloqués pour très, très longtemps.

Sous la houlette de l’Université espagnole de Cadiz (2010), les 400 chercheurs de l’expédition Malaspina sont allés interroger, surface et profondeurs, jusqu’à – 6000 mètres, des océans indien, pacifique, et atlantique (leur étude vient de paraître aux Etats-Unis).

8ème continent

Le plus tristement célèbre des ces gyres, dans le Pacifique nord, a pris une telle ampleur, qu’on le surnomme le «  8ème continent » ( (aux yeux des Américains, Amérique du nord et de sud constituent 2 continents séparés, l’Antarctique le 7ème).

La « soupe plastique » serait grande comme l’État du Texas, mais ce n’est qu’une estimation. Car elle est difficilement visible d’en haut, à vrai dire transparente pour les satellites. La voir, du pont d’un bateau, reste également difficile. Il faut procéder par la prise d’échantillons, 200 000 pour l’expédition espagnole.

Polymères

Notamment « travaillés » par les radiations solaires, ces micro-débris, provenant de différents composants de polymères, dépasseraient en nombre le plancton, avec une durée de vie entre 50 et 1000 ans pour se décomposer.

Plus près de nous, mais dans le même esprit, l’expédition MED 2014 vient de larguer les amarres pour une nouvelle campagne, la 5ème, au long du pourtour de la Méditerranée.

Embarqués

15 scientifiques de différents pays et 50 écovolontaires se relaient sur le voilier, cabotant pour l’instant dans le Golfe du Lion, de la côte liguro-provençale, en poussant par la Costa Brava, les Baléares jusqu’au sud de l’ Espagne.

vidéo :

 

Pour la première fois d’ailleurs, le chef d’expédition, Bruno Dumontet a décidé de mettre en place une activité pêche. La joie à bord, après quelques jours, de relever près de Malaga un thon de 17 kg.

Spectacle

Tristesse aussi de découvrir dans son estomac, après analyse d’un encadrant scientifique, ces damnés micro-débris plastiques.

« lecrapaud.fr » l’a déjà souvent évoqué. Des baleines échouées sur les côtes, de gros oiseaux de mer offrent le douloureux spectacle de leurs estomacs encombrés de dizaines de kilos de brisures plastiques, souvent des bouchons de bouteilles, entrainant leur mort.

Mais aussi, comme on l’a vu sur le pont de MED, ces micro-particules s’immiscent dans la chaine alimentaire des poissons que nous risquons d’avoir dans notre assiette. Sans moyen de contrôle pour le commun des mortels.

79 000 années

La bouillie plastique flottante, des millions de tonnes, menace donc globalement l’écosystème, le tourisme, la pêche et, a fortiori, l’approvisionnement alimentaire.

Le capitaine et océanographe Charles Moore qui, le premier, a signalé le vortex du Pacifique nord, estime que, si l’on ne trouvait pas d’autre moyen que le filet de pêche traditionnel, on s’engagerait sur 79 000 années de travail pour ramasser et tout assainir. Irréalisable.

Aussi faut-il déjà, impérativement, privilégier une politique de prévention et de réduction du plastique, quel qu’il soit, jeté à la mer.

Le Sénat en a pris conscience, qui souhaite dès 2015 frapper d’interdiction au moins les sacs d’usage unique, ceux des courses dans les commerces et surpermarchés.

Crapaud’s favori

«  Elle bourgeonne sans complexes. Avec sa forme de sac plastique rempli d’eau, la méduse à la dérive laisse venir à elle le baigneur, car elle ne se déplace pas facilement. Rencontre du 3ème type, ni muscle, ni squelettes, ni système digestif, nerveux ou circulatoire, elle est réduite au strict minimum : deux feuillets de cellule séparées par de la gelée. Elle fait dans la simplicité ».

Voici un des portraits d’un petit livre qui vient de sortir, « Bêtes de plage », ou petites farces et tragédies de la vie animale en bord de mer .

80 descriptions de ces animaux avec d’amusants dessins, qui égaient ou agacent nos longs « farniente » au bord de l’eau. Et séduiront beaucoup la curiosité des enfants.

Croqués avec humour et, néanmoins savoir, par 2 professeurs de Sciences de la vie et de la Terre. « Bêtes de plage », éditions delachaux et niestlé