L’éléphant entend des voix

Pour ceux qui ont le grand plaisir, cet été, de découvrir les parcs naturels, d’Afrique notamment, voici une information qui donnera plus d’intérêt encore à leur safari photo.

Les éléphants sont capables de détecter le danger qu’offre un groupe humain au son de la voix. Voire même de distinguer sexe et âge d’éventuels prédateurs.

Installés dans le parc Amboseli du Kenya, des chercheurs de l’Université du Sussex (Grande-Bretagne) ont fait entendre à des groupes de pachydermes les enregistrements de voix de 2 ethnies de la région, les Maasaï et les Kemba.

Disputes de territoire

Les uns, comme on sait, éleveurs de vaches et de chèvres, mais à l’esprit guerrier, sont en permanente dispute de territoire pour l’accès à l’eau entre autres, les seconds des agriculteurs plus sédentaires.

Face aux voix MaasaÏ, les éléphants ont tendance à se regrouper et à renifler, un de leurs comportements défensifs, ce qui n’est pas le cas en présence des Kemba.

Voix et odeur

De même, ils sont plus paisibles à l’écho de voix de femmes et de jeunes garçons, indiquant qu’ils semblent prendre en compte qu’ils ne sont pas en compétition territoriale avec eux.

Selon des études précédentes, il suffit qu’ils hument l’odeur des tuniques portées par les hommes Maasaï pour manifester une réaction de peur et devenir carrément agressifs à la vue de l’étoffe rouge de leurs vêtements.

Subtilités des langues

«  Cette capacité à distinguer les dangers selon les groupes, lorsque la même phrase est prononcée dans différents dialectes donne à penser que les éléphants parviennent à saisir les subtilités vocales des langues humaines, en dépit de leurs riches différences.

Dans leur système matriarcal, il appartient sans doute aux femelles de la transmettre aux jeunes, après l’avoir observée chez les individus plus âgés.

Sophistication

D’ailleurs, les plus vieux excellent pour distinguer chez les Maasaï, les jeunes garçons des hommes adultes. Comme ils sont capables d’apprécier le nombre de lions dans un groupe.

En fait, ils montrent une grande sophistication à amasser des informations sociales et écologiques complexes pour trouver la meilleure réponse au danger qui se présente.

60 par jour

Mais que faire quand le danger est d’une tout autre nature ? Depuis 2009, le braconnage a pris une ampleur presque industrielle. 60 éléphants sont abattus chaque jour en Afrique.

Le continent perdra 20% de son contingent, déjà réduit à 500 000 individus, moitié moins qu’en 1980, selon la Cites.

14 milliards

La contrebande autour de l’ivoire et des animaux sauvages s’inscrit, après la drogue, la fausse monnaie et la traite d’êtres humains, comme une activité extrêmement lucrative.

Elle rapporterait chaque année plus de 14 milliards de $, à raison de 2000 à 3000 $ le kilo d’ivoire au marché noir. Les Rangers en paient le prix en Asie autant qu’en Afrique.

Confrontations armées

Spécialisés dans la protection et la surveillance des parcs nationaux, quelque 56 d’entre eux ont été tués dans les derniers mois, 103 en 2013, selon l’UICN, pour la plupart en Afrique dans des confrontations armées ( ) avec les braconniers et des milices régionales.

En 10 ans, si l’on s’en tient aux chiffres confirmés dans 35 pays, plus de 1000 d’entre eux y auraient laissé leur vie, sans parler des blessés.

Des moyens lourds

C’est que la contrebande d’ivoire fait vivre (et enrichir) nombre groupes rebelles, au Congo, en Ouganda, lieu d’une guérilla sanguinaire. Sachant qu’ils disposent dans leur traque du gibier de moyens lourds, logistique, transport et armes pour un faible risque mais un gros profit ».

Des experts évoquent également dans le trafic l’activité des Shebab somaliens et de Janjawids soudanais. Le principal débouché restant la Chine et la Thaïlande.

Sanctions

Le Conseil de sécurité des Nations unies a enfin pris conscience de l’hécatombe. Il entend mettre à bas braconniers, trafiquants et rebelles en gelant les avoirs financiers des individus impliqués, mesure saluée par les associations de défense.

«  Il y a un an encore, ce trafic relevait d’un problème environnemental, pas criminel. Les sanctions onusiennes n’ont rien d’un remède miracle, mais peuvent avoir un effet dissuasif », pour l’un des directeurs du Fonds mondial de la nature ((wwf).

Destruction

Mesure symbolique certes, pour la première fois en Europe, 3 tonnes d’ivoire de contrebande, saisies par les douanes françaises depuis 1987, ont été broyées au pied de la Tour Eiffel en février dernier.

S’entassaient là 698 défenses et plus de 15 000 objets sculptés.