Inde : Bientôt le nucléaire

Le Président Obama est allé tester le cœur et les tripes des autorités indiennes en prévision des prochaines négociations climatiques internationales de Paris.

Avec moins de succès qu’en novembre dernier à Pékin.

L’Inde est sous pression. 3 ème pays au monde le plus émetteur de gaz à effet de serre,  son nouveau Premier ministre, Narenda Modi est confronté à de formidables défis.

En premier lieu, une explosion démographique, plus importante et exponentielle que celle de la Chine, pour atteindre vers 2028 1 milliard 450 millions d’individus. Mais un revenu par habitant bien en-dessous de celui de son grand voisin.

Revigorer

Sachant que 300 millions d’Indiens vivent dans la pauvreté et qu’à peu près un nombre égal n’a pas d’accès à l’électricité, il s’agit bien sûr pour le gouvernement de revigorer, en priorité, le développement économique.

Ce qui implique d’évidence un énorme effort à faire sur l’approvisionnement énergétique, qui verra l’Inde développer un important parc nucléaire.

Obstacle

6 nouveaux réacteurs seront mis en service dans quelques mois, 35 autres dans les dix ans à venir, dont 4 EPR, ouverts aux fabricants américains d’abord, mais aussi russes et français (Areva). L’atome devant fournir à terme le quart des besoins nationaux.

N’ayant pas signé le traité de non-prolifération nucléaire, l’Inde s’était vue interdite d’importer de la technologie civile, réacteurs et combustible. L’obstacle a été levé il y a 7 ans déjà, après un embargo de 34 ans.

Responsabilité

La visite d’Obama a permis de régler un autre problème, en définissant un cadre limitant la responsabilité juridique des fournisseurs d’équipements en cas d’accident nucléaire (on appréciera le sens de responsabilité des fournisseurs en question).

Avant l’aube nucléaire, le pays continuera pour 60% à fonctionner au charbon, dont l’origine carbonée n’est pas la plus sympathique pour l’environnement La production sera d’ailleurs portée à hauteur de 2019 à un milliard de tonnes.

Colère

Mais le gouvernement souhaite aussi un arrêt des importations, d’ici à 3 ans, pour favoriser la production domestique, annonce qui a déclenché une onde de choc dans les milieux industriels.

Quant aux énergies renouvelables, Narenda Modi n’y est pas hostile, loin de là, comme il a pu en faire la démonstration, alors qu’il était gouverneur du Gujarat. Les éoliennes interviennent pour 70 % dans ces sources alternatives, le solaire se verra gonfler à 125 gigawatt d’ici 2040.

Déplorable

Il indique par ailleurs une préférence pour de petites unités de production locales (microgrids), plutôt que de voir les communes rurales espérer se connecter au réseau électrique national, au bilan déplorable.

23 % de l’électricité produite se perd durant la phase du transport, soit par la mauvaise qualité des installations, soit par le chapardage.

Améliorer

Sans accès au réseau, plus de 800 millions d’Indiens ont recours pour se chauffer ou cuire les aliments à des matières tels que bouse, bois ou pétrole, dont les émanations contribuent à la pollution de l’air et, incidemment, à des centaines de milliers de décès

De toutes manières, le premier ministre ne parait pas vouloir s’enfermer dans une évolution énergétique trop marquée par les renouvelables, même avec une aide financière américaine.

Tout sera bon, considère-t-il, pour améliorer le sort de la population, quelle qu’en soit le coût en matière environnementale.

Responsabilités

L’Inde devrait doubler ses émissions de CO2 jusqu’en 2035, en frisant les 4 milliards de tonnes, deux fois celles de l’Union européenne. Certes.

Mais pour Modi qui, à l’âge d’adolescent tenait avec son frère un tea stall (une échoppe à thé) dans une gare routière, sa politique de réduction retient pour principe celui des « responsabilités communes mais différenciées ». Aux nations fortement industrialisées de prendre les mesures le plus tôt et de la façon la plus importante.

Pas de pic

Le moment venu, les 4 milliards de tonnes ne seront rien au regard de l’importance de la population. Dans la moyenne des niveaux de vie, l’Indien « émet » moins que l’Américain, l’Européen, voire le Chinois.

Même si le Président Obama n’est pas parvenu à rééditer le « coup » de Pékin, la Chine acceptant de fixer un pic à ses émissions de gaz à effet de serre autour de 2030, sa visite à New Delhi n’a pas été inutile.

Ni moteur, ni frein

Elle lui a permis de constater que le leader nationaliste hindou a pris conscience de l’enjeu environnemental concernant les changements climatiques.

Et que, si l’on ne peut pas attendre que l’Inde soit « motrice » dans les négociations de décembre prochain à Paris, elle n’en sera pas non plus un frein.

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Une première en France, les énergies renouvelables représentent désormais 20% de la consommation électrique.

Les éoliennes y concourent pour plus de la moitié (source Ministère de l’écologie).

En Allemagne les énergies renouvelables pourraient cette année devenir la principale source de production d’électricité, une première dans l’histoire (source ConsoGlobe)