Fabuleuse Anticythère, hors du temps

En Mer Égée, un étrange cosmonaute s’est laissé descendre au fond de l’eau. Pour fouiller les restes d’un navire romain, dont on pense qu’ils pourraient livrer d’autres secrets que la fameuse machine d’Anticythère.

Mais dès à présent, cette Machine représente certainement une des plus grandes interrogations de l’archéologie contemporaine.

Pêcheurs d’éponge

Dans le domaine scientifique, il faut parfois jouer de chance. En panne, pour cause de tempête, deux caïques grecs de pêcheurs d’éponge restent calés au nord-est de l’île Anticythère.

Profitant d’une accalmie, un des plongeurs découvre au fond l’épave d’une galère romaine, datée d’ avant notre ère (env. 87 av. J.C). Le gouvernement grec se dépêchera de décider des opérations de renflouement.

3 fragments

On est en 1901, les flancs de la galère recèlent entre autres, une main en bronze, de nombreuses statues et surtout un mécanisme oxydé, dont il reste 3 fragments importants et 79 fragments plus petits.

Dès 1905, un philologue allemand comprend qu’il s‘agit d’un calculateur astronomique, qui remet en question, par les capacités qu’il présuppose en mécanique et en astronomie, les connaissances sur les sciences grecques.

Autopsie

On saute d’un siècle. En 2005, après de nouvelles fouilles en 1976, les chercheurs attaquent l’autopsie avec un tomographe de très haute résolution, capable de traverser tout le mécanisme de la machine et d’en reconstruire des images tridimensionnelles, en dépit de la corrosion des éléments.

De petite taille, 34x18x90 cm, elle était constituée d’un châssis en bois, avec 2 portes à l’avant et à l’arrière, où s’inscrivait des textes se référant à son fonctionnement et aux cycles présentés, prévoir des éclipses, indiquer les dates des Jeux panhelléniques, donner le calendrier civil corinthien.

Modernes

À l’intérieur, des dizaines de roues dentées, solidaires et disposées sur plusieurs plans. Une manivelle, non retrouvée, permet d’actionner la roue principale, laquelle entraîne l’ensemble des engrenages, à géométrie variable, et les aiguilles de lecture.

À partir de ces études, la célèbre société suisse de montres Hublot décide d’en assembler 4 modèles, à voir pour l’un au Musée Archéologique d’Athènes, le deuxième au Musée des Arts et Métiers à Paris.

Le troisième à la Manufacture Hublot et le 4ème sera peut-être vendu aux enchères, afin de financer la poursuite des recherches.

Dans l’esprit de la société, il s’agit d’un mécénat, d’un vibrant témoignage au passé, ces modèles ne seront jamais exploités.

Lune elliptique

«  On ne connaît pas dans la mécanique moderne un équivalent à cette machine. La Renaissance italienne n’a pas fait mieux », déclare au crapaud le directeur Recherche et Développement de la société, Mathias Buttet, d’un enthousiasme contagieux sur cette merveille.

Notamment capable de corriger les anomalies de la lune dans sa course elliptique autour de la Terre, avec une précision de 1 jour par période de 76 ans, tant il révèle modernité et complexité. Un ordinateur, bien avant l’heure, diront certains.

Spatiale

Suite à de nouvelles découvertes réalisées sur le site archéologique. une campagne de recherches vient de reprendre. En misant sur un équipement hors pair, « Exosuit ».

Jusqu’à présent, les plongeurs ne pouvaient descendre qu’à 60 mètres, autour de l’épave. Mais un nouvel équipement leur ouvre d’autres « espaces ». Mis au point principalement aux Etats-Unis, une sorte de nouvelle combinaison hightech spatiale des profondeurs.

Baptisée « Exosuit », en aluminium, capable de résister à de fortes pressions, elle leur permet dorénavant de s’aventurer jusqu’à moins 300 mètres de profondeur.

D’autres trésors

«  Aujourd’hui, où la production industrielle moderne se réduit à chercher le moins onéreux, donc le plus rentable, Anticythère nous confronte à une autre philosophie », souligne Mathias Buttet.

«  2 millénaires plus tard, ce mécanisme mobilise les meilleurs chercheurs et les invite à ne pas relâcher leur soif d’interroger les trésors disséminés par la tempête dans les sables égéens ».

Perspicacité

Ce qui amène à s’interroger sur ces artisans de la Grèce ancienne, capables d’inventer et de fabriquer, avec la faible technologie qu’on leur connaît (sans ordinateur !), un mécanisme aussi « évolué ». Et impose, Pour M. Buttet une autre idée de cette « productivité » qui nous imprègne aujourd’hui.

Mais a contrario, on peut penser, comme le fait l’écrivain Arthur C. Clarke, que si «  la perspicacité de ces Grecs avait été à la hauteur de leur ingéniosité, la révolution industrielle aurait commencé 1000 ans avant Christophe Colomb ».

lecrapaud remercie M. Mathias Buttet de la société Hublot pour sa disponibilité et son aide.

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loeilducrapaud

Après l’attention portée de tous côtés sur les dégâts de la surpêche : les stocks de thon rouge, fortement menacés pendant un temps tant en Atlantique-est qu’en Méditerranée, se reconstituent, selon la Commission internationale pour l’observation des thonidés.

Il pourrait y avoir un relèvement des quotas de pêche.