Être écolo, c’est du boulot

Chaque début d’année est autant une fin qu’un commencement. Pour ceux qui se sont donnés vocation d’observer l’évolution de la planète, en ses progrès comme en ses tourments, il y a matière à réflexion.

Cela fait 40 ans que je me frotte, en journaliste, en blogueur, tout simplement en citoyen aux problèmes de l’environnement. Le déclic m‘est venu après avoir vu passer une dépêche du Comité international des sciences, annonçant à Rome que nous étions partis pour connaitre, à terme, une dramatique pénurie d’eau dans le monde. Une pénurie d’eau annoncée… en 1965. Il y avait de quoi frapper les esprits.

Conditionnements simples

Alors, je me suis dit qu’il était peut-être sage, à mon niveau, de commencer à ne plus gâcher d’eau, et petit à petit, je me suis appliqué d’autres réflexes de ce genre, des conditionnements simples, bien sûr répétitifs, à commencer donc par fermer les robinets, quand ils coulent pour rien, mais aussi les lumières, mettre la nuit tous appareils électriques en veille, notamment téléviseur et ordinateur, prémices d’une conduite écolo exemplaire. Aujourd’hui, je vais au marché du village à pied, à 20’, prends mon vélo pour d’autres courses plus éloignées, choisis les transports en commun pour mes incursions dans la grande ville. Je me détourne des déplacements en voiture, condamnant celle que j’avais pour faire de la route, je préfère dès que possible prendre le train. Quant à pendre l’avion pour des voyages lointains (sauf pour motif éventuellement professionnel) quel intérêt ai-je de retrouver à l’autre bout du monde des formes de vie de plus en plus semblables aux nôtres, sans parler de l’empreinte carbone que je laisse en chemin.

Façon responsableje

J’ai grand plaisir à de bonnes marches en forêt, régénérantes, m’enchante du couple de chevreuils, à peine aperçu, qui me file sous le nez. Dans le jardin je dispose bien sûr d’un compost, où par hasard j’ai vu émerger trois crapauds venus d’on ne sait quel taillis. Ils apprécient une vie de rêve, semble-t-il, dans l’amoncellement de nos rejets alimentaires biodégradables pas toujours ragoutants

Je trie les déchets évidemment, salue les éboueurs qui nous en débarrassent, parfois dans l’aube glaciale, j’hésite à jeter un bout de papier sur lequel je pourrai encore noter quelque chose. Je mène mon existence, à longueur d’année, dans le double souci de me comporter et, en voie de conséquence de consommer façon responsable … Bref, être écolo, c’est aussi du boulot. Tout en arrivant, parfois à me poser la question : Mais à quoi bon ?

Verre vide ou plein

Quand on a le sentiment, au-delà de sa personne, que tout part à veau l’eau dans notre bas monde, impuissants que nous sommes  devant l’échec de la Cop 24 et l’évidence d’un retour au fossile charbon, le credo de la croissance à tout prix ( et de la consommation), les exodes climatiques, les incendies dantesques (en Californie notamment), dues à la sécheresse, donc probablement au réchauffement climatique, les annonces du Giec (3o au minimum dans la trajectoire actuelle), ergo la fonte des glaces plus rapide que jamais, d’où une hausse importante du niveau des océans ( 1,4 cm de 1979 à 2017), etc.

Mais à regarder le verre à moitié plein, on peut aussi se réjouir. Assiégée, la Terre se rebiffe au long d’une foultitude d’initiatives, hexagonales pour ne parler que de celles-là. Notamment pour une consommation durable, une « déconsommation ».  Au « Black Friday » répond désormais un « Green Friday », une centaine de marques qui ont pris leurs distances avec les réductions à tout prix. 500 personnalités s’associent pour défendre un « Lundi vert », soit se passer de viande et de poisson ce jour-là, sachant que la production d’aliments d’origine animale est la cause de 78% des émissions de gaz à effet de serre agricole. L’industrie du textile, extrêmement polluante, est en forte réduction, « on achète mieux », par souci éthique entre autres.

L’État en défaut

Dans les rayons des supermarchés, le bio affiche de plus en plus ses  pastilles vertes sur les emballages, mais attention, un panier vert est 2 fois plus cher qu’un traditionnel. Les irréductibles de l’association Kokopelli, restent au taquet, devant la loi qui, dans un premier temps, légalise les semences anciennes, puis  retoquée par le Sénat. La production d’énergie verte progresse, lentement certes, désormais accessible aux compteurs des foyers français.

Enfin 4 associations/fondations, collectifs de youtubeurs et personnalités ont décidé d’attaquer l’État français en justice pour son incapacité à mettre en oeuvre la réductions des émissions à effet de serre, une mobilisation qui a déjà reçu 2 millions de soutiens. L’association Friends of the Irish Environnment a également porté un cas climatique devant la justice, elle dénonce un plan climat 2017 qui viole celui de 2015, la Constitution irlandaise, l’Accord de Paris et les droits humains. 15 000 citoyens irlandais poussent à la roue.

Ainsi, dès l’entrée en lice de l’année neuve, alternent bonnes et mauvaises nouvelles. Sachons ne pas désespérer. Au bout du bout, oublions le « À quoi bon ? ». Il reste nous, tous acteurs de notre propre destin et un mot d’ordre, Agir.