D’un clic, un arbre

Voici quelques siècles, les forêts recouvraient 2/3 des surfaces du globe, il en reste 1/3 aujourd’hui. 129 millions d’hectares ont disparu depuis 1990.

Au regard notamment du changement climatique, la déforestation est une catastrophe. Et impose, par voie de conséquence, l’absolue nécessité de reboiser à tour de bras.

Certes, ceux qui abattent le couvert forestier seront toujours plus nombreux, brutes et puissants, que ceux qui entreprennent de le faire renaître. Mais de multiples associations et institutions s’y donnent la main aujourd’hui.

Parmi celles-ci, l’une des plus originales, le moteur de recherche Ecosia.

Allez sur Internet, tapez Ecosia, avant même de formuler votre recherche, vous verrez aussitôt s’afficher le nombre d’arbres replantés depuis la création de l’occurrence, qui augmente d’une unité forestière toutes les secondes.

Ecosia n’est qu’une sorte de Google européen, créée par un Allemand, Christian Kroll en 2009. Métamoteur de recherche solidaire, s’appuyant sur Bing, d’utilisation gratuite, qui se finance par les publicités accolées à certaines recherches faites.

Survie

Originaire de Wittemberg, après des études en gestion d’entreprise, a priori peu attiré par la perspective d’une vie consacrée au bizness, le jeune homme entreprend un tour du monde d’un an, qui lui fait prendre conscience, notamment en Amazonie, du rôle essentiel des arbres dans la survie de la planète. Ecosia sort de terre.

Le lancement coïncide du reste avec la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Copenhague (Cop 2009).

Avec une équipe de 23 personnes (parmi lesquelles on notera un poste féminin de « Happy Officer »), installée à Berlin, la société relaie durant le seul mois de janvier dernier près de 77 millions de visiteurs, pour l’essentiel Français et Allemands, Américains et Britanniques (pour 10 %).

Le milliard

Il suffit de 45 visites d’un même internaute pour générer une mis en terre et le compteur qui défile sans arrêt sur l’écran de l’ordinateur affiche à ce jour plus de 33 millions d’arbres plantés.

Ecosia garde cependant les yeux fixés sur la ligne bleue du couvert arboré, objectif le milliard d’ici à 2020. Comme tous les moteurs de recherche écoresponsables, la société ne s’affranchit pas pour autant des pollutions que créent ses propres activités.

Neutraliser

En neutralisant les 100% d’émissions Co2 cumulés par les serveurs, infrastructure, appareils utilisés et locaux au moyen d’une compensation carbone gérée par la Fondation suisse, «  myclimate » et ses projets de protection climatique. Un état financier est publié mensuellement.

Parmi ses coups d’éclat, Ecosia, associé au Fonds mondial pour la nature (WWF) a récolté plus 1 million d’€ pour la protection des parcs nationaux de Juruena et Tumucumaque (nord du Brésil)

Corridors

En Ouganda, elle fait cause commune avec la Fondation Jane Goodall pour recréer des corridors permettant aux chimpanzés de passer d’un habitat sylvestre à un autre, sans perturber les villages proches

Des campagnes sont menées par ailleurs au Burkina Faso, Éthiopie, Madagascar mais aussi au Pérou et en Indonésie, grâce aux emplois créés les cultures vivrières locales reprennent vie….

 Crise

On oublie que 60 millions de peuples indigènes dépendent encore presque entièrement de la végétation forestière, 1,6 milliard d’autres à des degrés divers y trouvent source de nourriture, de refuge, de combustibles, de vêtements, de médicaments. Sans omettre qu’elle réduit température et pollution.

Mais déforestation, artificialisation des sols, monocultures industrielles ravageuses (huile de palme, soja, maïs) et dérèglement climatique, changent lourdement la donne. La crise actuelle de la biodiversité, dont les arbres sont oh combien partie prenante, prend des proportions apocalyptiques, selon le biologiste américain E.O. Wilson.

Communautés

Aussi ne s’étonnera-t-on pas que, nouvellement, arbres et forêts inspirent experts et scientifiques et font un tabac dans l’édition. Près d’une demi douzaine de titres parus ces derniers temps, à rythme soutenu.

À commencer par le bestseller du forestier allemand Peter Wohlleben, « La vie secrète des arbres », mêlant connaissances scientifiques et jolies anecdotes, réunis en 20 ans de terrain. Un bestseller mondial avec 500 000 exemplaires vendus, France seule et 32 traductions.

Les forets ressemblent à des communautés humaines, y lit-on, où les parents vivent avec les enfants et les aident à grandir. Dressant des géants terrestres encore plus résistants et inventifs que les humains. Avec la promesse, à s’y promener comme à les connaître et les protéger, du bonheur qu’ils peuvent donner à chacun.

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Les méta moteurs solidaires prolifèrent. Notons, aux côtés d’Ecosia, la montée en puissance de Lilo ( « généreux » en hawaïen), créés par 2 Français. Par ses clics, l’internaute cumule des gouttes d’eau, lesquelles se transforment en euros ( 1000 gouttes égalent entre 2 et 4 €) et vont soutenir des projets de développement durable, tels que Bloom, pour l’interdiction de la pêche électrique.