De Charlie à Saint-Just

Le Salon du Dessin de presse et de la caricature connaît ses fidèles, dessinateurs (plus d’une centaine) pour cette 35 ème édition et son public bien sûr.

En dépit du certain froid que jette sur les familles en goguette, à leur arrivée dans les lieux, d’importantes mesures de sécurité, paras à béret rouge et gendarmes pour l’extérieur, vigiles à l’entrée et d’autres discrets circulant à l‘intérieur.

Saint-Just sous protection

« L’ambiance était plus pesante l’an dernier », note un fidèle, car nous avions encore tous à l’esprit le carnage de Charlie Hebdo, en janvier 2015».

On sait qu’une partie du public avait fait défaut, sous le choc de cet attentat barbare. « C’est encore trop dur parfois de parler de tout ça, avoue le dessinateur nigérian Tayo Fatula, alors on prend notre crayon et on s’exprime ».

Plaisir revenu

Les mesures de sécurité rassurent, c’est vrai. «  Si nous avons vécu il y a un an notre venue comme un acte militant de résistance et de solidarité avec les dessinateurs, ainsi que le déclare une maman, Sylvie, à l’envoyé du journal Le Populaire du centre, cette année notre plaisir est revenu. Nous sommes heureux d’être là avec nos filles, beaucoup d’animations sont d’ailleurs consacrées aux jeunes».

Le temps de l’insouciance n’est pas peut-être pas encore dans tous les esprits, d’autant que certains artistes, comme Coco de Charlie Hebdo, doivent se plier à une garde personnelle. Car si le dessin est une belle arme, il n’a jamais cessé d’exposer les auteurs à bien des dangers, menaces et vicissitudes, partout dans le monde, où l’on constate peu à peu combien se rétrécit la liberté de la presse.

ci-dessous : les officiels, le président de région, Monsieur le Maire, ouvrent le salon 2016, sous la bienveillance du président fondateur du salon Gérard Vandenbroucke (également président de la Communauté d’agglomération Limoges Métropole) avec toute l’équipe des bénévoles, des dessinateurs, les journalistes et le public invité.

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Playdoyer pour la paix

Installé depuis 2010 dans des lieux en dur, pérennes, le Salon peut inscrire à son programme 2016 de remarquables expositions et notamment, en phase avec l’actualité chaude « Les crayons de la liberté » des œuvres venues du monde entier .

Et « Cartooning for Peace », dont l’initiative est à porter au crédit de Plantu, du journal Le Monde. Elle a vu le jour en 2006, au siège de l’ONU, sous le parrainage de Kofi Annan. 12 dessinateurs prestigieux s’étaient rassemblés pour « désapprendre l’obéissance », donnant naissance à un mouvement, qu’ont rejoint entre temps 125 de leurs collègues de 41 nationalités.

Israël dans la douleur

Après avoir tourné dans le monde entier, « ISRAËL, Cartoons in conflict », est enfin accrochée à St Just, une exposition initiée par le Cercle des Parents israélo-palestiniens, dont les familles ont toutes perdu un parent ou un enfant dans le conflit.

Mais aussi, « 130 ans de la Statue de la liberté et le duel Trump/Hillary » particulièrement d’actualité à quelques semaines de l’élection présidentielle outre-Atlantique autour d’un illustrateur et dessinateur américain des plus prolixes, Daryl Cage (un ancien du Muppet Show).

Siné le turbulent

Saint-Just 2016

Une des oeuvres originales de Siné, exposée au Salon de Saint-Just 2016

 

Notons aussi un hommage au grand Siné, décédé en mai dernier, à l’âge de 87 ans. Un parcours multiple, souvent controversé, qui marque bien les conflits intérieurs qu’un artiste peut vivre au contact permanent des complexités du monde actuel.

Rappelons que le cabinet de travail d’une autre grande figure française du dessin, Wolinski, don de son épouse, a été installé au Salon à demeure et attire la curiosité de tous.

Haro sur Blum

Enfin, des expositions historiques, « Léon Blum, cible des communistes et des anticommunistes », figure centrale du Front populaire, ce personnage haut en couleurs a intrigué la caricature dès les années 1920.

Complétée par « La faucile et le marteau », symboles oubliés pour beaucoup de l’unité du prolétariat industriel et agricole, officialisés en Urss en 1922.

 lecrapaud est évidemment de la partie, depuis de nombreuses années maintenant. Au cours de 2 week-ends, les jeunes particulièrement aiment se camper à la table de Jérôme (Liniger) et de Nicolas (Jacquette), mes acolytes du blog. À découvrir leurs dessins mais aussi les mises en scène autour de notre batracien préféré.

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Jaquette signe les Crapauds exposés à ce Saint-Just 2016

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Et un des dessins de Liniger, édité dans le Suisse Magazine