COP 21, verre vide ou verre plein ?

Succès ou échec ? Demi-succès ou demi-échec ? Chacun jugera le bilan de la COP 21 à son aune. Positif comme à son habitude, notre crapaud préfère regarder le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Et constater qu’en France pour commencer, la transition énergétique, absolu préalable aux avancées sur le climat, est en marche.

Dans les mentalités

Près de 9 Français sur 10 pensent qu’ils devront modifier leur mode de vie pour s’adapter au changement climatique, selon Ifop pour Solutions Cop 21. Mais que changer dans leurs comportements ?

Agir, disent-ils, sur leur façon de consommer en général, entre autres dans la « consommation d’énergie », le « recyclage des déchets et des biens », la « qualité et provenance » de l’alimentation, le principal obstacle, souvent cité, étant l’aspect financier.

Mais en soulevant la difficulté de changer ses habitudes au quotidien, les plus jeunes générations paraissant les plus engagées.

L’acquisition d’un véhicule neuf met en jeu également, c’est plutôt nouveau, un « réflexe écologique » quant aux aspects, pollution, consommation, durabilité, tout en constatant là aussi l’écueil de la cherté des voitures hybrides ou électriques.

Une grande majorité (83%) pensent que « lutter contre ce dérèglement doit être une priorité dans le contexte économique actuel », qu’un « monde plus chaud est vraiment dangereux pour les conditions de vie sur la planète.»

Mais notons que, pour une bonne moitié des sondés, il « est déjà trop tard pour agir et sauver l’environnement », ce qui devrait être gravé au front des négociateurs du Bourget ou d’autres Cop à venir.

Comme dit cet aphorisme, l’homme est un projet, laissons-lui le temps d’arriver.

Dans les villes

Paris plonge dans le vert, la ville vient d’annoncer que l’électricité propre éclairera ses bâtiments municipaux comme les rues de la capitale d’ici à 2020.

Le renouvellement des contrats de fourniture d’électricité ne peut mieux tomber, le 1er janvier prochain. L’approvisionnement se fera dorénavant à 100 % avec le solaire, l’éolien et l’hydraulique, soit une économie à terme de 25% d’émissions de gaz à effet de serre.

Les 800 millions d’investissement engagés ouvrent la voie à d’autres initiatives, un Hôtel de Ville chauffé par les eaux des égouts ou de la Seine, le parc des lampadaires et 338 000 autres sources lumineuses éclairés à 20% par leds, 2 000 chaufferies municipales basculant du fioul aux renouvelables.

Et l’on verra bientôt les panneaux solaires chasser l’ardoise des toits parisiens, grâce à 100 000 m2 de surface identifiés, auquel on ajoutera l’énergie produite par une centaine de nouveaux sites potentiels de géothermie.

Avec Paris, les maires d’un millier de grandes villes, de Los Angeles à Dakar, coalisés, se sont positionnés au Bourget en faveur d’un 100% énergie verte d’ici à 2050.

Dans la finance

Sous la pression de Cop 21, les banques françaises commencent à prendre des mesures pour se dégager de leurs aides au financement de centrales électriques au charbon et de mines de charbon thermique dans le monde, seule Natixis a annoncé la fin de tout financement.

BNP Paribas tient le pompon. Classée première « banque fossile » au niveau français et cinquième au plan international, elle se targue pourtant d’être un sponsor officiel de la COP 21. Vive le « greenwashing ».

Ce qui lui vaut d’être lauréate du Prix Pinocchio Climat 2015 ( la dénomination dit tout) , pour les impacts dévastateurs de projets financés dans le charbon, tel la méga centrale de Tata Mundra en Inde, avec des rejets de 30 millions de tonnes de CO2.

Dans l’industrie

Inaugurée récemment, la centrale photovoltaïque de Cestas, au sud de Bordeaux, pour être aujourd’hui la plus grande en Europe, marque enfin un record français en matière de renouvelable.

Les chiffres donnent le vertige, 983.500 panneaux sur l’équivalent de 260 ha de pinède abimée par la tempête de 2009 (300 terrains de football). Soit la production d’un quart de réacteur nucléaire.

Certes, les panneaux viennent de Chine, mais représentent un apport minime dans l’investissement de 360 millions d’€, car l’essentiel de la valeur ajoutée est hexagonale, construction, ingénierie, équipements et câbles.

Cestas pourrait servir d’exemple, on dispose en France de nombre de grandes friches industrielles, terrains pollués, sites abîmés et non reboisés.

Dans les campagnes

Il est un village qui mérite également les honneurs d’une mention à la COP 21, Correns, près de Brignoles, dans le Var, aujourd’hui déclaré premier village bio de France.

À une époque où le marché du vin s’essoufflait, la coopérative de vignerons locale est passée en bio, à l’instigation du maire, suivie dans la même démarche par les éleveurs de chèvres, de poulets, deux maraîchers et un apiculteur.

On laboure entre les ceps au moyen d’un cheval de trait, le bio s’affiche dans les menus de la cantine scolaire, dans les shampoings et crèmes du salon de coiffure, tout particulièrement dans une Fête bio fin août, qui attire plus de 100 exposants.

Cette vocation écologique, autant que la douceur de vivre ont attiré de nouveaux habitants. Ont-ils joué un rôle dans le choix du grand mas près de Correns, où Angelina Jolie et Brad Pitt résident occasionnellement. Ou surtout le fait que les Corrensois signent des rosés (bio ) de réputation mondiale.