Ces OGM qui empoisonnent Bruxelles

On était content : Fin janvier, La Commission européenne avait décidé de geler le processus d’autorisation de mise en culture des OGM dans l’Union, après que huit pays européens, dont la France et Allemagne, eussent adopté des clauses de sauvegarde pour interdire la culture de certains OGM déjà autorisés sur leurs territoires.

Mais la Commission est bien vite revenue sur sa décision.

 A l’occasion d’une conférence à la M.A.O. de Verrières le Buisson (Essonne), lecrapaud.fr a demandé à Christian Vélot, Docteur en Biologie et Enseignant-Chercheur en génétique moléculaire à l’Université Paris-Sud, de prendre position.

Des outils d’abord

« En recherche fondamentale ou en médecine, les OGM, ne l’oublions pas, constituent des outils intéressants pour étudier la fonction des gènes ou produire des protéines d’intérêt pharmaceutique. Dans le premier cas, une “éprouvette biologique”, dans le second, c’est une usine à protéines. Dans le domaine agroalimentaire, c’est une autre histoire.

Un organisme à part entière

Destinés à être disséminés en plein air, les OGM ne sont pas utilisés comme un outil (utilisé en espace confiné) mais comme un organisme à part entière, ce qui soulève des problèmes d’ordre sanitaire, environnemental et éthique

En particulier, le fait qu’on se serve de ces plantes génétiquement modifiées (PGM)  comme organismes à part entière implique la nécessité de maîtriser parfaitement l’impact des modifications génétiques, d’une part sur l’organisme entier, et d’autre part sur ses interactions avec l’environnement.

 Une technique aléatoire

Contrairement à ce qui est souvent affirmé, la technologie OGM n’a rien d’une méthode chirurgicale, et s’avère au contraire une technique totalement aléatoire.

Quand on introduit un gène étranger dans un organisme, et en particulier dans les plantes, on engendre des modifications totalement incontrôlables du métabolisme de la plante, et d’éventuelles répercussions tout aussi imprévisibles dans la chaîne alimentaire.

Plantes à pesticides

Les risques sanitaires découlent notamment du manque de contrôle de ces paramètres. Il n’est donc pas concevable que les OGM agroalimentaires puissent échapper à une évaluation sanitaire rigoureuse et prolongée, d’autant plus que 99% des PGM cultivées à la surface de la planète sont dites à pesticides, c’est-à-dire qui accumulent des pesticides dans leurs tissus.

Il s’agit soit de plantes qui produisent elles-mêmes l’insecticide leurs permettant de résister à un insecte ravageur (comme les maïs bt), soit des plantes capables d’absorber un herbicide sans mourir (comme le soja au Roundup).

Des effets cliniques

Tous les tests de toxicité auxquels nous avons pu avoir accès (comme dans le cas du maïs Bt MON 863, par exemple) montrent systématiquement des effets cliniques et biochimiques chez les animaux nourris avec les PGM par rapport aux animaux-contrôles nourris avec les plantes conventionnelles correspondantes.

Si ces analyses en tant que telles ne suffisent pas à prouver leur réelle toxicité, elles sont en revanche suffisamment inquiétantes, au mieux pour appliquer le principe de précaution, au pire pour exiger des études complémentaires approfondies menées par différents laboratoires indépendants.

Risques de contamination

Dans l’interaction avec l’environnement se posent bien sûr les risques que les gènes introduits volontairement dans une plante se retrouvent involontairement dans une autre ou dans un autre organisme.

Soit par pollinisation (contamination verticale) ou par transfert direct de matériel génétique, notamment entre la plante et les micro-organismes du sol (contamination horizontale).

A ces problèmes de pollution génétique s’ajoutent bien sûr les risques de disséminations dues aux flux incontrôlable des graines (transportées notamment par les oiseaux et autres animaux) et aux repousses, sans compter les difficultés de nettoyage du matériel agricole et les erreurs humaines.

Disparition des cultures conventionnelles

Outre les effets incontrôlables sur l’environnement, tous ces paramètres font que nous ne pourrons jamais disposer des garanties d’une parfaite étanchéité entre les filières agricoles. La notion de coexistence entre ces filières est tout simplement synonyme, à terme, de la disparition des cultures conventionnelles et labellisées.

Les OGM agroalimentaires répondent-ils à une utilité ou une urgence sociale qui puisse justifier que l’on prenne de tels risques pour l’environnement, les cultures en place et les consommateurs ? »

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Les OGM dans le commerce

Notons que l’association de consommateurs UFC-Que Choisir dénonce la trop faible présence en grandes surfaces de produits portant la mention « nourri sans OGM », en dépit de la forte demande des consommateurs.

Un an après la publication du décret autorisant la mention « nourri sans OGM » sur les produits d’origine animale, l’UFC relève un « bien maigre panier » pour les marques nationales ayant donné suite, qui comprend uniquement les volailles et oeufs des Fermiers de Loué, le saumon Labeyrie et quelques marques régionales, précise le communiqué.

Pour les produits de marques distributeurs (MDD), deux enseignes sur les sept qui ont fait l’objet d’une enquête « se distinguent »: Carrefour et Auchan proposent « une véritable gamme de produits +sans OGM+ » quand les autres « font quasiment l’impasse », souligne l’UFC.

Globalement, il reste difficile pour le consommateur de savoir où trouver ces produits dans 86% des magasins, faute de signalétique suffisante.

Ceci est « d’autant plus regrettable » que l’étude ne relève pas de différence de prix avec les produits conventionnels, selon un relevé effectué entre les 14 et 18 janvier (derniers) sur le site Internet de 1.653 magasins drive de la grande distribution.

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L’agroalimenaire bio

La Commission européenne, elle, a lancé une enquête en ligne afin d’interroger les citoyens européens sur l’agriculture biologique.

Ce questionnaire intitulé « Réexamen de la législation et du plan d’action de l’UE en matière d’agriculture biologique », fait suite à un rapport rendu à la Commission en mai 2012 sur la législation concernant les produits biologiques et devrait servir à orienter les décisions pour élaborer la mise à jour de la réglementation.

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