Déforestation, le prix du confort

Cependant que nous vivons en Occident dans une aisance certaine – pour la majorité d’entre nous, on imagine peu ce que ce confort signifie de destruction radicale, notamment en abattage de forêts primaires.

La déforestation clandestine se porte bien. Et rien ne semble pouvoir l’endiguer efficacement.

Ezequiel Antonio Cashanha, c’était le « capo » d’une bande organisée, qui procédait depuis 2006, à l’ouest de la région du Para (Brésil), au défrichage illégal, y compris dans des parcs nationaux. La surface abattue porterait sur 288 km2.

Le groupe prenait les terres par les armes, y mettait le feu pour les ouvrir à la culture ou l’élevage, quand ce n’était pas à la vente de parcelles ou leur location à prix d’or, selon le parquet de l’État.

Rigide

Ce chef régnait, semble-t-il, sur la ville de Novo Progresso (sic), possédait un supermarché, des hôtels, des concessions automobiles et considérait que la loi limitant le déboisement à 20%, trop rigide à ses yeux, impliquait par force une autre façon de faire !

Pour le capturer avec succès le 21 février dernier, il a fallu que la police fédérale le surprenne en débarquant dans sa ferme d’un hélicoptère et l’arrête avec 15 membres de son cartel. D’autres obligés ne pouvant le prévenir à temps pour précipiter éventuellement sa fuite.

Impunités

Pour Greenpeace Amazonie, voilà une bonne nouvelle, car ces bandes de défricheurs agissent trop souvent, sûrs de leur impunité.

Après avoir réussi à réduire la déforestation de 27 000 (2004) à 4 571 km2 (2011-2012), les ravages sont repartis à la hausse.

Plus de 1 000 km2 perdus entre les seuls mois d’août et octobre de 2014.

Alerte

Pour l’Ong Instituto Imazon, il y a de quoi douter de l’efficacité des politiques officielles brésiliennes de prévention et contrôle, face à des organisations criminelles aux méthodes de plus en plus sophistiquées.

Le gouvernement a beau annoncer vouloir adopter un nouveau système d’alerte par satellite, le combat devra être conduit à une tout autre échelle, celle d’un véritable « effort de guerre », selon le très connu chercheur brésilien, Antonio Donato Nobre.

État de guerre

«  Gouvernements, entrepreneurs, élites devraient se sentir concernés comme pour la crise financière de 2008. En 15 jours, ils ont trouvé des milliards de dollars pour sauver le système bancaire.

… Il faut faire pareil pour éviter l’abîme climatique devant lequel nous nous trouvons, sauver l’humanité, et cela ne coûtera pas aussi cher.

200 arbres/minute

… Le climat se ressent de chaque arbre fauché, que ce soit de l’Amazonie, du Congo ou de Sibérie. Au cours des 40 dernières années, on a détruit 763 000 km2 de forêt.

… Soit 200 arbres par minute, comme une route de 2 km de large qui filerait de la terre à la lune. Le changement climatique est une réalité, le désastre est en cours. Il faut reboiser, recréer les écosystèmes, rétablir les dons de la nature. Le déboisement zéro seul n’y suffira pas. »

Unique

Se fondant sur 200 articles et études, Donato Nobre souligne ce qui fait de l’Amazonie un système unique sur la planète.

Les arbres amazoniens arrivent a émettre dans l’atmosphère 20 milliards de tonnes d’eau par jour, plus que le fleuve Amazone n’en déverse dans l’Océan atlantique.

Cette déforestation expliquerait déjà la sécheresse exceptionnelle, entre autres régions du monde, que connaît Sao Paulo.

Podium

Le reboisement aurait du commencer hier, ajoute-t-il. Mais le nouveau code forestier amnistiant ceux qui mutilent la forêt a envoyé un mauvais signal, celui de l’impunité et tout a repris.

Au titre du déboisement, l’Indonésie grimpe allègrement sur la première marche du podium. Disposant de la 3ème plus grande forêt tropicale, le pays a sacrifié deux fois plus d’arbres que le Brésil amazonien, au profit du commerce du bois et des plantations d’huile de palme.

Ratiboisées

Les conséquences ne se jugent pas seulement au niveau du changement climatique. Une Ong, Fern, constate que l’Union économique européenne a importé en masse soja, bœuf, cuir, huile de palme, issus de cultures et d’élevage pratiqués sur ces terres ratiboisées dans l’illégalité, soit pour 6 milliards d’€.

Pour notre confort de vie d’Occidental, près d’un quart de nos besoins en matières premières agricoles. La France, grand pays de culture, étant celui qui importe le plus de soja !

Corruption

Eurodéputé écologiste, Yannick Jadot enchérit, soulignant qu’à quelques mois de la grande conférence de Paris sur le climat (décembre 2015), que le Président Hollande veut rendre décisive, il serait temps que les Européens se resaisissent.

Et, jouant de leur puissance commerciale, poussent les pays exportateurs à réduire par des réformes drastiques cette mise à mort du patrimoine forestier mondial, souvent marquée localement par une corruption endémique.

Réhabilitation

L’an dernier, le ministère de l’environnement indonésien a pu faire condamner, sous la pression d’organisations nationales et internationales, une société coupable d’avoir brûlé 1 000 ha de tourbières, au cœur d’une région forestière protégée, dans la province d’Aceh, à Sumatra.

L’amende s’élève à 9,4 millions de $, à quoi s’ajoutent 22,6 millions supplémentaires pour la réhabilitation de près de 6 000 ha. « Un message fort, voire historique », pour les Amis de la terre indonésiens.

À voir.

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loeilducrapaud

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