Le crapaud - Nicolas Jacquette - Le Père Noël endosse son manteau écologique

Le Père Noël endosse son manteau écologique

Dans le sillage du Grenelle de l’Environnement, l’approche de Noël et des fêtes de fin d’année incitaient, dès 2008, communes et particuliers à modérer leurs habitudes ou envies. Et à songer à les rendre plus “éco-responsables”. Des initiatives nouvelles voient le jour.

Fini la débauche d’illuminations avec leurs grosses factures d’électricité. Les LED ont pris le relais divisant par 7 le coût de ces éclairages. Un million de ces ampoules, rien que pour habiller de mille feux l’avenue des Champs Elysées à Paris. Bon, les diodes électroluminescentes ne sont pas hors de critique. Certes elles durent plus longtemps – dans une ampoule classique, 7% de l’énergie est transformée en lumière, 93% perdus en chaleur. Mais elles coûtent plus cher à l’achat ; surtout leur fabrication, à coups de métaux lourds, se caractérise par une grosse dépense d’énergie en soi.

L’initiative prise par les municipalités a trouvé son pendant chez les particuliers. Beaucoup ont renoncé à leur tour au foisonnement de guirlandes électriques pour décorer maison et jardin, préférant les LED, mais aussi les décorations naturelles, branches des sapins, gui, houx , encouragés par des concours locaux, voire figurines en carton, préparés et découpés avec les enfants chez soi à la veillée.

Les réjouissances derrière nous, on peut s’amuser à compter les bons points de chacun pour un Noël vraiment vert. Avoir préféré des jouets, peu mais de qualité – se méfier des importations lointaines. Ou du papier recyclé pour joliment emballer vos cadeaux.

Ces montagnes de papier cadeau, qui nous ont coûté tant de patients efforts et parfois agacements, quand on les fait soi-même, si vite déchirés et jetés dans un coin, encombrent chaque 26 décembre, nos poubelles jaunes. Chacun pourrait certes se laisser convaincre à utiliser d’anciens boîtes de carton, du papier kraft, de la ficelle au lieu de ruban en tissu, mais le pas est difficile.

On gamberge outre-Manche sur le problème. Car les Britanniques, selon l’Imperial College de Londres, sombrent alors dans une vraie débauche. A jeter chaque année, 83 km2 de ce papier de fête, sans compter l’échange de plus de 1,5 milliard de cartes de vœux, d’une exceptionnelle créativité (de préférence, on les comprend, aux lapidaires SMS).

Or, si l’on procédait à la fermentation de ce papier usagé – tout à fait viable, affirme le Science Daily, on produirait de 5 à 12 millions d’éthanol. Soit assez d’agrocarburant pour parcourir 18 millions de kilomètres. On baigne dans le conditionnel pour l’instant.

Point sensible également, les sapins. Certes on peut choisir des individus avec racines à planter pour l’éternité dans son jardin ou laisser vivre sur son balcon jusqu’au prochain Avent, ou un sapin label FSC, d’une forêt gérée écologique. Mais l’usage reste le bon vieux Normann sans lendemain.

Gros oeuvre pour les municipalités en début d’année, ces rois des forêts, ayant vécu leur trop courte existence dans les décors de nos logis, connaissent néanmoins un engouement croissant – 15 000 collectés en 2008, 29 000 en 2011 rien qu’à Paris. Récupérés dans une centaine de points, l’hôtel de ville a décidé qu’ils seront broyés puis répandus au pied des massifs et sur les sentiers dans les espaces verts parisiens. Limitant ainsi l’apparition d’herbes folles et l’évaporation du sol ( ne concerne que les arbres naturels, non floqués et dépouillés de leur décoration). A l’image de l’homme, poussière tu reviendras. Au demeurant, signalons la performance des riverains du XVII ème arrondissement, désignés champions de la dépose dans les bacs, selon Le Parisien.

Plus difficile, avoir préparé un réveillon en renonçant aux nappes et vaisselles jetables et, sur la table, organiser un repas de fête avec des produits de qualité, bio si possible mais onéreux, sachant que l’huître, toujours très prisée, atteint des vertiges de prix, cependant qu’elle absorbe beaucoup de CO2 pour faire sa coquille. Les éco-citoyens purs et durs optent eux pour un menu local et de saison, en quantité raisonnable, parfois issus du commerce équitable, avec à l’esprit le cauchemar du gaspillage alimentaire plus important que jamais à cette époque

Un bon point aussi à ceux qui ont offert à leurs proches ou amis des cadeaux dits «dématérialisés», places de spectacles entre autres, mais pas de voyage à l’autre bout du monde, beaucoup trop polluant. Et si le présent ne plait pas, on peut toujours le céder à une association humanitaire.

Bref, si vous n’avez pas tout bon cette fois, vous saurez ce qui reste à faire pour Noël prochain.