Le grand avenir des cercueils en carton

A la Foire de printemps de Francfort, quelle n’a pas été la surprise des visiteurs de découvrir sur un stand un cercueil clair, peint de gais motifs de fleurs ? Intrigués, ils ont appris qu’il s’agissait d’un cercueil en carton. Spécialisée dans les emballages de ce type, la firme autrichienne Fibratec entend mettre sur le marché national mais aussi allemand cette innovation, et compte bien sur son succès. En Allemagne, par exemple, le nombre des crémations ne cesse de croître, autour de 500.000 annuellement. Et qu’il soit brûlé ou mis en terre pour l’éternité, le prix du cercueil en bois reste évidemment le même.

Or les avantages d’un cercueil en une matière aussi combustible que le carton sont évidents. D’abord, d’un point de vue environnemental. Selon les fabricants, leur « produit » réduira de 75% l’émission de C02 par comparaison avec son homologue en bois. Il laissera aussi, après calcination, moins de résidus venant se mélanger aux cendres. Sans parler des forêts qu’il sauve de l’abattage Quant à ses qualités intrinsèques, il est solide, stable, avec des parois intérieures étanches, poignées en polypropène, donc solides elles aussi et, au bout du compte, il pèse moins lourd sur les pauvres épaules des employés des pompes funèbres. Enfin, il peut être garni de tous motifs peints en mémoire du défunt. Pour argument final, son prix 300 € contre 700 au plus bas pour son concurrent en pin.

15 ans de recherche, affirme le patron de Fibratec pour mettre au point le produit, patenté depuis 3 ans maintenant – en cours de validation en Allemagne. Il en a eu l’idée aux Etats Unis, où l’utilisation de cercueils en carton pour les incinérations est connue. Mais au salon de Francfort, il a noté des réactions mitigées, le rejet définitif, presque outré, du côté des personnes âgées et des citadins plus ouverts que les gens des campagnes. Les premiers clients ont signé. Les seuls à faire vraiment grise mine, on s’en doute, pleurant déjà un chiffre d’affaires en baisse, les pompes funèbres.