La belle aventure de la rosée du matin

L’association porte un nom qui sonne comme une source d’abondance : « Opur », soit Organisation pour l’utilisation de la rosée. Créée par un physicien, chercheur du CEA, Daniel Beysens, on en parle de plus en plus, et pour cause…


Dans le Gujerat, la région de Kutch affronte une désertification dramatique, l’eau y est une ressource rare. Aussi, voit-on comme un miracle ou presque l’introduction par l’Opur, notamment dans l’école de Sayara, d’un système de production de rosée, donc d’eau potable. Recouverte d’un isolant thermique, en oxyde de titane et sulfate de baryum, la toiture fait fonction de condenseur. Plus froide que l’air ambiant, elle permet d’atteindre la température de rosée, laquelle – en simplifiant- se transforme en vapeur d’eau. Un film plastique, enduit de savon, guide les gouttelettes vers un réservoir, où l’eau est filtrée puis désinfectée. Soit moins d‘un demi litre par m2 et par nuit, cent jours par an.
Suffisant pour garder l’établissement ouvert pendant les périodes de sécheresse. Et éviter que les enfants s’absentent par suite de corvées d’eau. Sachant, de plus, que la nappe phréatique, trop sollicitée, diminue sans cesse et se salinise, avec la proximité de la mer, également d’industries de casse ou chimiques très polluantes. Après l’école ont été équipées des habitations. Puis avec l’aide des habitants une ancienne mine à ciel ouvert, 15.000 m2. Quant au géant industriel, l’Indien Tata, également séduit, il veut adopter le système pour sa centrale électrique de Mundra. Déjà, l’on peut constater la baisse des troubles digestifs et d’allergies cutanées.
« La rosée constitue une formidable source d’eau potable, gratuite de surcroît », déclare Daniel Beysens au magazine Terra eco, dédié au développement durable, dans son premier numéro (auparavant par abonnement seulement). Ne pas se sentir coupable de vivre comme on nous l’a appris, lit-on dans l’édito, mais avec le devoir et le pouvoir de changer le monde.