Les « vautours » de l’agrobusiness

De plus en plus de pays industrialisés – on s’en est déjà inquiété dans cette rubrique – essaient d’assurer leur approvisionnement en denrées alimentaires et en énergie verte grâce à l’achat ou au fermage de terres dans les pays en développement, argumentant que cette prise en mains apporte aux locaux travail et argent, et royalties à leurs gouvernements.On l’appelle « turbocolonialisme »…


Mais on sait que l’exploitation agricole ainsi mise en place par de puissants groupes est de nature industrielle et qu’elle aboutit à détruire les connaissances et méthodes de production traditionnelle locale. Sans oublier l’expropriation probable d’un certain nombre de paysans autochtones. Selon un rapport commandé par le Conseil mondial de l’agriculture, sur lequel ont planché 400 spécialistes, il n’existe qu’une vraie solution au problème de la faim dans les pays concernés, tout en tenant compte des problèmes climatiques et des règles environnementales, c’est bien de privilégier l’agriculture multifonctionnelle, durable, régionale et portant sur de petites surfaces.

A Madagascar, plus d’un million d’hectares de terres arables aurait dû tomber dans l’escarcelle de la société sud-coréenne Daewoo Logistics. A savoir loués par elle, sans intérêts, pour une durée de 99 ans. En contrepartie, Daewoo offrait d’embaucher des travailleurs agricoles malgaches non-qualifiés, appelés à courber le dos dans des champs de maïs et d’huile de palme destinés aux… Coréens. Le problème est d’autant frappant que, selon l’organisation humanitaire Care, Madagascar, outre ses troubles politiques, a été frappée par 2 grands ouragans tropicaux et que le sud de l’île est en proie à une forte sécheresse. 150 000 personnes souffriraient des conséquences de ces catastrophes et 14 % de la population serait sous-alimentée.

Entre temps, les Coréens ont annoncé le retrait de leur contrat avec Madagascar, en attente d’un climat plus favorable aux investissements pharaoniques dans l’agrobusiness.
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RF Source : Horizons et débats