« Youtubeurs », les chevaux légers de l’écologie

Si vous côtoyez des « ados », voire des plus âgés de 18 à 30 ans, impossible d’ignorer les heures qu’ils passent, sur écran ou smartphone », à regarder leurs « youtubeurs ». Pour certains, cela frise le stade de l’addiction. Car c’est le vecteur à la mode.

Blagues de potache, gaudrioles,  jeux mais aussi sujets d’actualité, de société, de sciences, la palette est large. L’écologie, l’environnement n’échappent pas à leur intérêt, bien au contraire, vu le nombre de vidéos qui se déploient dans le genre sur la toile.

En rendez-vous avec un hypnotiseur, Max Bird lui présente, nichée dans un pot, une plante carnivore. «  Voilà, dit-il, je veux devenir végétarien, mais cette plante ne m’y aide pas. Hypnotisez-là pour qu’elle devienne vegan avec moi. »

À raison de 300 000 abonnés et de vidéos vues à près de 700 000 fois, Max Bird est sans doute le « phénomène » des « youtubeurs » écolos. Et sa manière d’introduire sa vidéo sur «  Les plantes carnivores », dans la série des « idées reçues », est bien dans son style.

Plutôt beau garçon, plutôt très doué pour imaginer gestuelle, mimiques et gags, qui vont animer ses démonstrations, Max Bird ( de son vrai nom Maxime Déchelles), réunit à 20 ans tous les talents.

Cuicui, ou le cycle des idées reçues

Plutôt autodidacte aussi, après des années passées à étudier l’ornithologie en amateur, oiseaux et animaux en Amazonie en photographe, d’où son nom de plume et son cri de ralliement « cui-cui ».

Des « idées reçues », il en propose déjà près d’une vingtaine, « la couleur du caméléon », « la mémoire des oiseaux », « on ne peut pas marcher sur l’eau », « le rouge excite le taureau », etc, observations et recherches qu’il nourrit, comme tous ses collègues, d’un humour très décalé.

Pas un instant d’ennui, dans le format de 7 minutes, qu’il privilégie, toujours vêtu d’une chemise noire soulignée d’une cravate verte, tant il sait à la fois distraire et informer.

Cornaqué par Gad Elmaleh

Histoire, mythologie, biologie, anthropologie, mais aussi biologie de l’homosexualité (vue 6 millions de fois), les effets de l’alcool sur le corps, craquer ses doigts provoque l’arthrite, rien n’échappe à sa curiosité.

Le showbiz n’allait pas tarder à mettre le grappin sur ce « fada » de la vulgarisation. En marge des vidéos, il tourne en France avec un « one man show », l’»Encyclo spectacle », cornaqué par Gad Elmaleh,  ce qui n’est pas peu dire.

Mais le crapaud ne serait pas fidèle à lui-même , s’il n’invitait pas à s’aventurer plus encore dans l’étonnante galerie de ces personnages doucement foldingues, estampillés écologistes, mais avec, chacun ses propres musiques et variations .

Le professeur et son accorte assistante

Décoiffé, barbu, la pipe en bouche et portant papillon, le Professeur Feuillage a tout de l’enseignant déjanté, mais ses chroniques, d’une belle drôlerie, sont solides et, comme il se doit, appuyées par des croquis au crayon sur un tableau noir.

La déforestation, les gaz de schiste ( 200 000 vues ), le déclin des abeilles, le plastique dans les océans, des vidéos plus longues, qui lui permettent d’entrer dans le détail des problématiques.

Grâce à la présence d’une accorte assistante, son faire-valoir, il n’hésite pas à épicer ses vidéos d’un peu de nudité ( une audience gonflée de 50 %), de quelque vulgarité, voire d’une mesure scatologique.

Une barbe qui n’existe que de nom

S’il intervient sur youtube sous l’affiche de « La barbe », Nicolas Meyrieux a tout de l’étudiant joli garçon, sans barbe, ou à peine naissante, moulé dans un T-shirt noir. Il adore déguisements, perruques et affectionne une gestuelle saccadée. Avec 140 000 abonnés, il compte parmi les poids lourds.

Sa thématique de prédilection, mettre en lumière les absurdités écologiques et sanitaires, les grands traités, les régimes, les aliments cancérigènes d’un monde en proie aux jeux d’intérêts. Ce qui l’amène à camper, avec délectation, le capitaliste cool et décomplexé, fier de sa réussite.

Une chaine youtube vaut bien une thèse

Passez sur son air de surfeur léger, Léo Grasset (« Dirty biology ») a du solide dans son carnet de route, licence en biologie des organismes et écosystèmes, suivi d’un master en biologie évolutive.

Peu attiré par l’enseignement planplan et fi du travail sur la thèse pour lequel il s’est exilé en Thaïlande, ce jeune premier ( retenu dans n’importe quel casting de cinéma, s’il l’avait voulu !) choisit l’auditoire en nombre et trouve là-bas le terrain idéal, à peu de frais pour lancer sa chaine.

Considéré comme l’un des grands vulgarisateurs scientifiques de la toile, il prend à bras le corps des angles d’attaque qui dérangent. D’ailleurs, qui a dit la biologie rébarbative ?« Dirtybiology » (biologie crade) compte près de 500 000 abonnés.

Comprendre sinon aimer les « big datas »

Lui préfère-t-on les « big datas » ? Écrit et réalisé par Julien Goetz et Sylvain Lapoix, Data Gueule produit par France Télévision, semble vous assommer de chiffres, pourcentages, graphiques, données, mais intelligemment mis en perspective ( voir « Quand la bouche… rie, le monde pleure », « Sucrez, sucrez-moi » ou « Cannabis, la drogue dure dont l’hypocrisie dure »)

Une façon de comprendre ce qui actionne nos sociétés et crée distorsions et déséquilibres. La vidéo sur « Le changement climatique » résume en seulement 4 ‘ ce grand défi, celle sur « Monsanto, sa vie, son empire » a été regardée plus de 800 000 fois.

On pourrait citer encore « Et tout le monde s’en fout » ou Rémy Gaillard, youtubeur de la toute première heure, qui profite de sa notoriété mondiale pour sensibiliser à la cause animale. Il a récemment passé presque 4 jours, enfermé dans un cage avec un chien et recueilli 200 000 € de dons.

Bref, si par un jour de vacances maussade vous êtes en panne d’occupation, cliquez sur ces écolos 2.0, vous ne serez pas déçus du temps passé.