Le petit prince de Virunga

Il est prince, belge et à 38 ans, il a pour responsabilité de sauver le parc national de Virunga, au Congo. Mais Emmanuel de Merode n’a pas la tâche facile…

Situé à la limite de la frontière de ce pays avec le Ruanda, le parc est riche de minerais, d’or, de bois précieux et de vie sauvage avec la plus forte densité de grands mammifères et la moitié des derniers gorilles de montagne. Il est aussi le théâtre d’affrontements armés entre l’armée régulière congolaise et les forces rebelles d’un général dissident, qui a lancé un mouvement de « libération » du Congo. Tandis que la région est de plus le théâtre d’un trafic illicite autour du charbon de bois, un business supposé de 3O millions de $ par an. Ce sont peut-être des trafiquants en effet qui ont signé l’an dernier la tuerie sauvage, soulevant l’indignation internationale, de 4 grands gorilles, seuls 2 bébés rescapés… Du fait de cette situation, le bilan animalier est dramatique à ce jour : Des 30 000 hippopotames des berges du Lac Edouard, il ne reste que 300 survivants, après le passage des rebelles hutus. Les grands fauves du parc ont cherché refuge au Ruanda. Quant aux singes, ceux-là ont pris le parti de se mettre à l’abri dans les cimes du volcan Mikeno, échappant ainsi aux affrontements armés entre « humains ». « Dans cette descente aux enfers, leur instinct fait que leur population ne diminue pas », déclare, soulagé, Emmanuel de Merode. Chaque matin, en uniforme, il assiste au lever des couleurs du drapeau de la République du Congo, faisant le point avec les gardiens du parc. Question de motivation, si l’on peut dire. Depuis le début du conflit, 12O de ses hommes ont été tués. Certains sont tentés de déserter ou de passer du côté des trafiquants. Dans l’immédiat, son souci majeur concerne la déforestation, conséquence du trafic du charbon de bois. Parvenir à proposer des alternatives pour aider une population locale indigente, qui en a besoin pour cuisiner et se chauffer. « Sinon, il n’y aura plus d’arbres dans 5 ans », dit-il. Pour toute la biodiversité locale, sans doute une catastrophe majeure.
 »s/le monde’