Terre en overdose

 

Le monde moderne nous confronte à des notions, dont le caractère alarmant heurte souvent notre entendement immédiat.

Ainsi de ce fameux « Jour du dépassement », où l’on croit comprendre que l’humanité est supposée avoir consommé à date avancée l’ensemble des ressources que la planète est capable de générer en une année.

Cette fin du monde avant l’heure aurait sonné le 1er août dernier.

Début août

La semonce ne date pas d’aujourd’hui. On la doit depuis 1970 à l’Ong américaine « Global Footprint Network ». Longtemps passée inaperçue dans les médias, tant elle indiquait au départ une « consommation » étalée sur l’année entière

Mais elle n’a cessé de reculer (ou d’avancer) dans le calendrier, 21 novembre en 1995, 23 septembre en 2008, début août maintenant.

Capacité

Sur le plateau de la balance, d’un coté, la capacité de la planète, « biocapacité », à renouveler ses ressources (et en absorber les déchets) par le nombre et la surface d’hectares de forêts, champs, pâturages, espaces marins avec les productions qu’ils promettent.

Divisés par la population actuelle du globe, cette « biocapacité » indique une valeur moyenne d’hectares par individu (hag= hectares globaux)

Empreinte

Sur l’autre plateau, l’impact de chacun sur l’environnement, l’« empreinte écologique », soit la quantité de matières absorbée par l’humanité pour se nourrir, produire le bois, soutirer le pétrole, etc.

Le Jour du dépassement marque donc la date où l’empreinte écologique est supérieure à la biocapacité de la terre.

Déficit

« On s’achemine alors vers un déficit écologique, consommer plus de ressources, émettre plus de pollution, auxquels la nature est capable de répondre durablement », note Aurélien Boutaud, chercheur en génie environnemental.

En d’autres termes, distorsion entre l’offre de la nature et la demande humaine, convertis sous forme d’une surface terrestre ou marine, « hag, mesurée en hectare par individu.

Partage

La confrontation offre la possibilité d’une réflexion sur le « juste partage » entre les 7 milliards d’humains actuels.

Lequel n’est pas « juste », tant les disparités crient d’évidence. Sur le podium, Américains et Canadiens détiennent le ponpon – 9,4 hag/hab, l’Union européenne suit – 4,8, à l’opposé Asie–Pacifique – 1,3, Afrique – 1,0.

Rêve

Les nombreuses populations qui rêvent encore d’accéder au mode de vie américain (90% de climatiseurs dans les foyers) sont loin de s’imaginer, que le système solaire devrait enfanter à cet effet 5 autres planètes-terre bioproductives.

Mais l’Ong Foot Print nous induit légèrement en erreur en laissant penser que nous aurions vidé notre garde-manger global déjà en août, raisonnement en terme de stocks disponibles épuisés.

Urgence

Avons-nous consommé plus de poissons en 8 mois, que la mer peut nous en offrir en un an ? Non, bien sûr, il n’y en aurait plus un seul sur les étals des marchés.

L’urgence écologique que souligne le Jour du dépassement est plus liée à une question d’énergie, d’intensité carbone, celle de nos émissions de Co2, l’empreinte carbone, comme le souligne E-RSE.

Cascade

Nos sociétés accentuent constamment la surconsommation chronique d’énergie, au point que les écosystèmes sont saturés, en overdose ( plus de 60 % sur l‘impact sur l’environnemental), même si océans et forêts en absorbent une bonne partie.

En s’accumulant, ces masses modifient durablement les autres cycles naturels, notamment le climat, donc le changement climatique, qui influe à son tour, par cascade, sur les ressources naturelles, catastrophes, sécheresse.

Un Suédois

Quoique contesté dans sa méthodologie, le Jour du dépassement nous envoie néanmoins un signal d’alarme, le constat est incontournable. Il l’était déjà en 1922.

Quand un savant, dont le nom revient au goût du jour, Svante Arrehnius, surprenant ses compatriotes et les milieux scientifiques, affirme : «  Nous avons consommé autant de charbon fossile en 10 ans que l’homme a brûlé durant le temps passé… il devient nécessaire de trouver d’autres sources d’énergie ».

Visionnaire

1922, voici près d’un siècle avant les mises en garde des bataillons d’experts climatologues du Giec, disposant des moyens d’observation les plus sophistiqués.

Chimiste visionnaire, premier suédois récipiendaire du Prix Nobel de Chimie, Arrehnius calcule qu’un doublement de la quantité de Co2 pourrait provoquer un réchauffement planétaire de 5o par l’usage de plus en plus massif d’énergies fossiles.

Et théorise en quelque sorte l’effet de serre, comme le note le journal Les Échos, dont le Français Joseph Fournier avait établi préalablement les bases du mécanisme physique.

À l’époque, le nombre d’automobiles dans les rues se comptait encore sur les doigts de la main.