Reboiser, en restant dans son fauteuil

La déforestation est une inquiétude majeure de notre siècle à l’emporte-pièce. Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse, dit le proverbe. Fort heureusement, des organisations sont sur le front, décidées à restaurer les environnements forestiers mutilés. Ainsi de Reforest’Action.

De l’Antiquité à aujourd’hui, planter un arbre s’est toujours révélé un geste symbolique fort, pour laisser sa marque à un jardin, sauver une espèce, défendre la nature et son environnement.

Les hommes politiques y sont souvent invités, les enfants des écoles aussi, c’est peut-être plus significatif. Car c’est leur arbre à eux, qu’ils espèrent voir grandir et prospérer.

Bonne humeur

C’est ainsi qu’en octobre dernier, une vingtaine de familles, clientes du groupe Leroy Merlin, débarque dans une friche du siège de l’entreprise, près de Lille, avec pelles et pioches. Accompagnées de leurs enfants, des plus grands aux plus petits, pour y replanter des jeunes chênes, dans la meilleure bonne humeur.

Il fallait voir l’excitation des gamins, pour manier leurs outils de jardin, creuser le trou et, le jeune arbre une fois dressé, aplanir la terre autour du tronc de leurs petites mains. Là, ils ne jouaient plus à faire des pâtés dans le bac à sable, c’était un vrai travail de jardinier.

Leroy Merlin en pointe

L’entreprise Leroy Merlin en effet, encouragée par Reforest’Action, montre la voie. Si vous allez dans un de leurs magasins, vous trouverez dans tout parquet acheté une étiquette à bordure verte avec cet engagement : « 1 parquet acheté, 1 chêne planté en France ».

Sans qu’il en coûte plus cher à l’acheteur. Et à hauteur de la quantité de bois nécessaire pour produire le parquet en question.

Forêt affectée

Une opération analogue mais de plus grande envergure a pris place en Loire-Atlantique, l’un des 10 départements les moins boisés de France, ainsi qu’en Mayenne.

Avec la plantation de 20 000 autres jeunes chênes – la plupart des parquets sont faits de chêne, dans le but de régénérer une forêt affectée par la maladie du chancre, ces champignons qui envahissent le tronc des arbres et le rongent petit à petit.

1 milliard volatilisé

Laisser une trace positive sur les ressources naturelles, c’est le credo de Stéphane Hallaire, fondateur de Reforest’Action. Au début du XXème siècle, remarque-t-il, les forêts couvraient 20% de s la surface du globe, soit 5 milliards d’ha, 1 milliard d’entre elles, principalement les boréales et les primaires, ont disparu depuis.

Après 15 années passées dans le conseil en organisation, ce jeune ingénieur se trouve confronté, comme souvent au terme des premières expériences professionnelles, à vouloir donner un autre sens à sa vie. Pour lui, ce sera de répondre au défi de la déforestation précisément.

Donner de l’air

Avec Crédit Agricole et Allianz, une première action lui permet de financer la plantation de 130 000 arbres au Sénégal, dans les terres où la monoculture d’arachides a laissé les sols à nu et totalement appauvris.

Mais les enjeux de la déforestation ne sont pas moins évidents dans les forêts françaises – intensification agricole, agressions climatiques, tempêtes, inondations. Reforest’Action s’est largement recadrée sur l’hexagone et multiplie les innovations, notamment une gestion forestière différente, pratiquée à Châtenay dans l’Ain.

Espacer les fûts, passer de 1200 plants à 500 l’ha, leur donner de l’air, afin de laisser la biodiversité prospérer dans les espaces ouverts, les « couloirs écologiques », y voir naître d’autres essences, que le vent ou les oiseaux apportent avec eux et apprécier le retour de la faune de petite taille.

Bain de pied

Mais aussi la société vient d’inaugurer, première en Europe, une technique de plantation en biodynamie. » On fait donner une sorte de bain de pied aux jeunes pousses, en les arrosant d’une solution composée de bactéries et de champignons, propres à s’adapter au milieu microbiologique local déjà existant. Cela aide les plants à capter les nutriments du sol et à croitre plus vite, sans usage de pesticides », explique S. Hallaire.

Une expérience avait été testée aux abords du Futuroscope de Poitiers, très concluante. Tandis que les arbres en place perdaient un mètre de flèche par an, la biodynamie leur donnait une croissance de 60 à 80 cm sans arrosage sur une année sèche, résultats aussi spectaculaires pour les racines.

Sur les sites de e‘commerce

Si Reforest’Action continue à rechercher l’appui des grandes sociétés, la société d’économie sociale et solidaire a eu la bonne idée de s’attirer la sympathie des sites de e-commerce.

Pour 1 euro ajouté au prix de l’objet retenu, quel que soit l’achat, vous aurez ainsi la possibilité, par son intermédiaire, de planter l’arbre de votre choix, dans la région de votre préférence et voir suivre son évolution au fur et à mesure des années.

200 sites sont dans la boucle. 1 personne sur 5 est déjà entrée dans le jeu de ce reboisement participatif unique, auquel on peut prendre part aussi en groupe.

Une place de cinéma

Mais on peut se rendre tout simplement sur le site de Reforest’Action et choisir le nombre d’arbres et la région, France ou étranger, où l’on souhaite participer à une opération de reboisement. En quelque sorte, déclencher l’action par soi-même, être acteur de la forêt.

Pour exemple, il vous en coûtera 14 € pour 5 arbres plantés en Ile de France, soit le prix d’une place de cinéma à Paris.

En quelques années, Stéphane Hallaire annonce la plantation de 1 311 381 arbres (compteur mis à jour en permanence). Même habituée en 60 ans de règne à inaugurer dans le monde entier les arbres du renouveau ou du souvenir, la reine d’Angleterre ne peut se targuer d’un tel bilan.

———–

Studio Irresistible, qui héberge et illustre « lecrapaud.fr », soutient Reforest’Action en consacrant o,5% de ses services  facturés à la plantation d’arbres et invite, sur chaque facture ses clients à le accompagner dans cette démarche positive en abondant de la même somme. Une démarche qui a rencontré un beau succès, permettant à des entreprises, qui ne pensaient pas pouvoir intégrer les considérations environnementales dans leurs activités, d’avoir un impact positif, ou à tout le moins de compenser leur empreinte carbone.