Planète: Le pire ennemi…

Tenant congrès à Daegu, en Corée du sud, le Conseil mondial de l’énergie (WEC) invite les 7000 participants à se pencher sur l’équation : comment fournir suffisamment d’énergie aux 9 milliards d’humains, probablement attendus sur terre d’ici à 2050, sans poursuivre, voire encore accentuer, le dérèglement du climat.

Man – un court métrage de Steeve Cutts / www.stevecutts.com

Un très très gros casse-tête.

Ce sont plus d’un milliard d’humains dans le monde qui n’ont pas accès actuellement à l’électricité, leur nombre pourrait se réduire de 730 à 880 millions d’ici à 2030, et encore baisser à 530 millions en 2050.

Ce qui par un effet mécanique tout simple entraînera une considérable demande de production énergétique, face à la pression démographique et à l’urbanisation croissante dans les pays en développement.

40 000 milliards

Traduite en chiffres, on estime l’investissement cumulé dans ce secteur, dans les deux dernières décennies, à 40 000 milliards de dollars, autant que les PIB annuels additionnés de la Chine, de l’Union européenne et des Etats Unis.

Dans ses comptes, le WEC considère que la hausse nécessaire pour éradiquer la pauvreté, liée notamment au non accès à l’électricité, engloutirait de 19 000 à 25 000 milliards d’investissements supplémentaires, suivant l’évolution, sobre ou énergivore de la consommation.

Et le CO2 ?

Certes, économies d’énergie et développement des énergies renouvelables prendront leur part dans cette hausse.

Mais, dès à présent et en fonction de ces besoins, les principales entreprises productrices d’énergie, réunies dans le WEC, s’avouent incapables de ramener, selon les scenarii projetés, les émissions de CO2 limitées à 2oC.

Car l’autre terme de l’équation est bien l’état de la planète. Les énergies fossiles , pétrole, gaz, charbon, ne vont pas disparaître de notre horizon dans les années qui viennent – on sait que le charbon revient à la mode dans de nombreux pays.

Les transports en première ligne

Le pétrole reste vital en raison de la demande explosive liée aux transports, tous types. Et les exploitations de gaz naturel ou de schiste se poursuivent à grande échelle

Que, depuis l’industrialisation intensive,  les sociétés humaines ont usé et abusé des ressources de la planète, il appartiendrait à des géants de l’énergie d’en tenir compte. Comme le raconte avec humour, en un résumé marquant, cette vidéo de l’Anglais Steve Cutts, intitulée « Le pire ennemi de la planète …»

Une étude de l’Ademe (Agence française pour l’environnement), rendue publique à Daegu,  souligne que de plus en plus d’états s’attaquent de front aux problèmes de l’efficacité énergétique, en France notamment avec le récent débat sur la « transition énergétique ».

Des puissances pétrolières elles même décident de ralentir leur consommation galopante de pétrole et de diversifier leurs propres ressources. Pour exemple, les Émirats misent désormais sur le solaire et le nucléaire.

À chacun son bouquet idéal

« Nous devons cesser de croire qu’une forme d’énergie remplacera une autre, elles seront plus que jamais complémentaires, à chacun de composer son « bouquet idéal », déclarait en ouverture du congrès le ministre saoudien de l’énergie.

Mais la crise a considérablement réduit le rythme des progrès réalisés en matière de ressources alternatives. Pour preuve, les investissements ont reculé de 20% au trimestre dernier, par rapport à la période équivalente en 2012.

En Allemagne même, pourtant meilleur élève de la classe jusque là, ils ne sont jamais tombés au plus bas depuis 2004.