Meurtre au jardin anglais

Des villes obèses, on en connaît. Les gens des campagnes ne cessent d’y affluer, questionnant leur développement. Bétonner aux dépens des derniers carrés de verdure, c’est déjà le sort des jardins domestiques de Londres.

La reine elle-même s’en inquiète, lors de sa récente visite au Royal Show, l’une des expositions florales les plus célèbres du monde.

L’on a tous à l’esprit, ne serait-ce que par le cinéma de Ken Loach, ces maisons de briques sœurettes, qui marquent là-bas l’enfilade des rues dans un parfait alignement.

De naissance, elles disposaient devant leur façade d’un jardinet, même exigu, lequel brisait avec quelques rosiers la monotonie de la perspective.

Mouchoirs de poche

Une tradition urbaine, que l’on croyait aussi enracinée dans le sol  anglais que la monarchie ou les pubs. La monarchie survivra, on en est moins sûr pour ces parcelles-mouchoirs de poche, lieu de modestes respirations vertes.

Car elles disparaissent, dégagées de leurs plantations pour céder leur longue existence à celle, moins vertueuse, des voitures aux fins d’impératifs de stationnement.

Progression

Si la souveraine s’en inquiète, et avec elle probablement une bonne partie des 150 000 visiteurs inconditionnels du Royal Show, c’est en raison d’une progression rapide de cette forme de mutilation partielle du paysage urbain.

De 8% il y a 10 ans, le nombre des parcelles et pelouses passées du vert floral au gris ciment est passé à 24 %, des millions en nombre, selon la Société royale d’horticulture (RHS).

Reverdir

On sait combien nos voisins britanniques sont attachés à la nature, faune et flore, partie de leur Adn. Les premiers à avoir initié entre autres des associations de défense organisées, bien financées et très efficaces.

Mais on en est au point à vouloir lancer une grande campagne pour reverdir un pays de plus en plus grisonnant et relever ce paradigme, selon lequel « voiture » peut se conjuguer avec « verdure ».

Partage

À la pointe sud-ouest de l’Angleterre, dans le Devon, la ville de Totnes a pris l’initiative pour sa part d’insuffler une nouvelle vie à ses propres jardins privés, souvent délaissés par manque de temps, d’intérêt, ou de disponibilité.

Selon un principe tout simple, mais résolument novateur.

Tout propriétaire d’un terrain non utilisé peut conclure un contrat de « partage » avec une ou plusieurs personnes extérieures à son foyer, qui n’ont pas la chance d’un lopin, où cultiver légumes, fruits ou fleurs.

Sauvegarde

La démarche n’a pas pour seul but d’ouvrir le jardinage à de nouveaux pratiquants ( ce que font certains jardins collectifs en France mais sur des terrains souvent publics gérés par des associations).

Pour cette cité de 8 000 habitants, elle vise aussi à récréer dans la durée des liens sociaux, au-delà, à susciter l’envie et le savoir-faire pour récolter une partie de ses besoins alimentaires, en partant de l’essentielle sauvegarde des semences.

Oléagineux

Sur sa lancée, le réseau « TransitionTown Totnes » à invité les habitants par ailleurs à soutenir le projet d’enrichir les terrains publics cette fois par des plantations d’oléagineux, châtaigners, noyers, noisetiers, amandiers, riches en récoltes nourrissantes.

Des gardiens « volontaires » se voient confiés entretien et surveillance des essences.

Risque

Tandis que le groupe français Total explore le sol britannique pour son gaz de schiste, le débat sur la nécessaire transition énergétique prend en Angleterre un tour inédit.

Quel risque financier pèse sur les fonds de pension (ils sont nombreux et de toutes tailles outre-Manche) détenant trop d’actions des compagnies pétrolières, menacées à terme par la montée en puissance des énergies renouvelables ?

C’est la Banque d’Angleterre qui a levé le lièvre et sensibilisé les investisseurs.

Désinvestir

« Nous estimons que moins de 10 % de ces fonds ont pris conscience du risque et commencent à mesurer l’étendue de leur empreinte carbone, il faut mettre en œuvre des changements de stratégie, » déclare-t-on parmi ceux qui mobilisent l’actionnariat sur cette réflexion.

L’organisation qui contrôle les fonds de pension de la ville de Londres se voit même contrainte de sortir des énergies fossiles dans les 5 ans à venir.

Au demeurant, les élus écologistes du Conseil de Paris ont suivi l’exemple, excluant les fossiles du fonds de retraite à leur disposition.

En vert

Si Londres peut se réjouir à juste titre d’un nouvel afflux de touristes étrangers, 17,4 millions l’an dernier, ces derniers risquent précisément de ne pas retrouver dans l’objectif les pimpants jardinets des rues ordinaires, aujourd’hui bétonnés.

Ni les célèbres cabines téléphonique d’un rouge sang, autre carte postale locale (70 000 dans le temps), sacrifiées sur l’autel des portables.

S’ils cherchent bien, ils dénicheront à la place la même structure de cabine peinte en vert, alimentée par le solaire, autant pour le cliché que pour recharger à l’occasion portables, tablettes ou tout appareil mobile connecté.

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loeilducrapaud

L’Afrique’Ogm

Lors de la journée mondiale de résistance aux Ogm, plus de mille personnes ont défilé samedi dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso- ex-Haute Volta), aux cris de « Ma santé oui, Monsanto non « .

Seul pays de la région à cultiver du coton transgénique en plein champ, les paysans veulent retrouver leur souveraineté alimentaire et échapper à l’emprise de la multinationale US concernant dépendance financière et semencière.

Feuilles de Colombie

Le président colombien Santos ne veut plus sur les terres colombiennes des 48 000 hectares de culture de coca. De la feuille à la cocaïne pour en arriver à la drogue et à une criminalité dévastatrice.

Il avait donné son accord pour leur destruction au moyen d’aspersions aériennes de glyphosate ( composant du sinistre Round Up), potentiellement cancérigène.

Un moratoire en suspend l’arrosage à grande échelle.