Le crapaud - Nicolas Jacquette - Ecologie, après la convention de Rio, un nouveau départ

Ecologie, le temps d’un nouveau départ !

Après la déception de Rio, l’heure était plus que propice à l’occasion du Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature, récemment en Corée du sud, pour tracer de nouvelles perspectives aux problèmes environnementaux. Comme le fait ici le Dr Joe Zammit-Lucia, un des intervenants les plus remarqués, par ailleurs remarquable photographe animalier.

Un succès évident

” Le succès du mouvement écologiste ne fait de doute pour personne, la sensibilisation aux questions environnementales fait désormais partie de notre langage de tous les jours, de nos valeurs et de nos normes sociales. L’investissement dans les énergies alternatives, dans le sauvetage des espèces et dans la conservation des écosystèmes prend une ampleur que l’on ne soupçonnait pas au milieu des années 70….

Alors pourquoi, à mesure que l’année 2012 avance, donnons-nous l’impression de tergiverser, de ne pas aller l’avant en toute confiance ?…

Des échecs qui ne s’effacent pas

L’encre de Durban, le fiasco de Copenhague , récemment les déceptions de Rio … l’évolution des négociations sur le climat est au mieux décevante, au pire désastreuse… Nous traversons une période économique difficile.

Résultat : les budgets ont été réduits et les questions de conservation et d’environnement, marginalisées, considérés comme de possibles entraves supplémentaires à la croissance… Alors qu’on pourrait rediriger l’argent consacré aux efforts de conservation vers des investissements porteurs d’une plus grande productivité économique.

Reprendre l’initiative

Ce serait un renoncement bien commode à nos propres responsabilités d’attribuer l’échec à la myopie des hommes politiques. La première chose à faire est de nous regarder dans la glace. Comment pouvons-nous repenser ce que nous sommes et parvenir à nous placer davantage au centre du débat politique ?

Le monde a changé, insaisissable, déstructuré, désinvolte et postmoderne. Nos succès à venir dépendront de notre faculté d’évoluer avec lui et d’apprendre à être efficaces dans ce XXIe siècle nouveau.

Un nouvel écologisme durable

Le défi à relever pour le mouvement environnemental, trouver un point d’accroche avec notre cybersociété urbaine qui n’a plus de lien avec le monde naturel et justifier son utilité auprès de ceux susceptibles de considérer les questions de conservation comme secondaires voire carrément dommageables, quand les économies s’essoufflent, que l’emploi se raréfie et que l’exclusion sociale se concrétise.

Je suggère donc de

1. Planter le décor d’un futur positif et tangible : la première et la plus difficile des tâches consiste à détourner l’attention des individus des messages apocalyptiques dont ils sont sans cesse bombardés pour planter le décor du type d’avenir que nous leur proposons : un avenir qui leur garantisse de façon crédible ce à quoi ils aspirent, à savoir des emplois, la sécurité, la cohésion sociale et des niveaux de vie plus élevés.

2. Passer du militantisme à l’écologisme : les militants écologistes ont tendance à n’examiner le monde qu’à travers le prisme des questions environnementales… Nous avons au contraire besoin d’un écologiste qui sache intégrer les questions environnementales dans le monde politique, social et économique… Regarder la société non à travers le prisme de l’environnement mais à travers le prisme de nos sociétés.

3. Faire passer les résultats avant l’idéologie : Certains individus, peu nombreux mais bruyants, continuent à faire passer l’idéologie avant les résultats. On peut ne pas être d’accord avec le système capitaliste, mais c’est le système en place et s’il nous reste aussi peu de temps qu’on le dit, nous devons apprendre à faire avec et à tirer parti de tous les avantages qu’il présente.

4. Mettre en avant des solutions et non des problèmes : l’accroissement démographique et le développement économique seraient-ils incompatibles avec un avenir durable, comme le pensent certains ? … Concentrons nos efforts et notre rhétorique sur les domaines dans lesquels nous pouvons proposer des solutions crédibles et concrètes sur le long comme sur le court terme et laissons de côté les sujets qui suscitent des griefs, pour lesquels nous n’avons pas de solution.

5. Apprendre à travailler avec les autres : les problèmes sont d’une telle ampleur et les solutions, à ce point complexes, coûteuses et vastes, que nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs sans collaborer de près avec l’industrie sous toutes ses formes : depuis les entreprises spécialisées dans l’extraction des ressources jusqu’aux multinationales de la finance dont nous aurons besoin pour réaliser les investissements nécessaires en passant par les compagnies qui créent les produits que nous consommons…

Sans un engagement en bloc au côté du secteur privé nous n’obtiendrons pas les résultats escomptés ; un certain nombre d’organisations environnementales montrent d’ores et déjà l’exemple.

6. Il n’y a pas de conservation, il n’y a que du développement : le terme « conservation » est malheureusement associé aujourd’hui aux personnes qui sont contre le progrès, davantage tournées vers le passé que vers l’avenir.

Toute action sur la biodiversité, grâce à l’écotourisme par exemple, ce n’est pas seulement de la conservation, c’est aussi du développement. .. Tous nos choix de « conservation » peuvent être des choix de développement (durable ?) qui seront plus productifs s’ils sont considérés sous cet angle.

7. Être viable : Les questions environnementales sont trop importantes pour être dépendantes de la charité, de la philanthropie et des subventions gouvernementales versées grâce à l’argent du contribuable.

Si l’environnement est autant porteur de valeur qu’on le dit, alors il doit véhiculer une force économique considérable. Il doit de lui-même générer de la richesse et devenir une « industrie » qui emploie des individus et apporte sa contribution à l’économie et au bien-être …

On parle d’« économie verte », trop souvent prétexte pour demander plus de subventions, plus d’argent aux contribuables, plus de dons aux riches. Le développement durable peut contribuer à la bonne santé et à la croissance de nos économies. Un certain nombre d’organisations environnementales sont d’ores et déjà viables grâce à la valeur concrète qu’elles fournissent aux individus et aux entreprises…

8. Mettre l’accent sur les individus : enfin l’écologisme, c’est d’abord de l’humain et non de la nature “.

« lecrapaud.fr » remercie Good Planet Infos