Dessine-moi un arbre

L’agroforesterie pourrait paraphraser St Éxupéry pour se faire connaître. De quoi s’agit-il ? D’ associer des plantations d’arbres à l’activité agricole, quelle soit de nature céréalière, d’élevage ou fruitière.

La pratique est ancestrale, répandue dans le monde entier, puis écartée et oubliée, voici qu’elle reprend peu à peu vigueur dans nos campagnes. Les initiatives ne manquent pas.

NB : Cette semaine nous offrons la tribune à un jeune illustrateur, Rémy BRISSEAU, qui, dans la ligne de nos crapauds vous offre sa vision de nos charmants batraciens ! Merci à lui pour sa participation.

On remarquera cependant celle de la Fondation Good Planet associée à un viticulteur de renom du Languedoc-Roussillon, Gérard Bertrand. La cible : 10 000 arbres plantés, modeste certes mais normale à un stade initial.

Abattage

Les arbres (ou les haies) ont longtemps fait partie du voisinage des champs, intercalées dans les cultures. Avec la guerre mondiale vient la nécessité de sortir les peuples européens de leurs privations alimentaires durant tant des années.

S’ensuit l’effort céréalier, le développement du machinisme agricole (profitant de la manne pétrolière) et, parallèlement, celui de la chimie phytosanitaire.

Lesquels signent l’expansion progressive, parfois gigantesque des exploitations, nécessitant notamment la mise à l’écart systématique des obstacles, les arbres en premier lieu.

36%

Mais le passé se rappelle toujours aux hommes de bonne volonté.

À Restinclières (Hérault), l’INRA teste une parcelle de 100 ha en agroforesterie et constate qu’elle va produire autant qu’une parcelle de 136 ha (un gain de 36%), dans laquelle on aurait séparé les arbres des cultures.

40 essences sont testées entre des parcelles de vigne, blé dur et colza, dans un environnement méditerranéen, aujourd’hui un bonheur de promenade pour des milliers de visiteurs.

Mariage

Dans le mariage, sur 50 ha, de blé d’hiver et de noyers, la productivité croit de 50 %.

La moisson faite au début de l’été, l’énergie du soleil viendra aider le développement du noyer, inversement en hiver cette énergie profitera à la croissance du blé, moins utile pour le noyer, à cette époque-là.

Multiple

Cette cohabitation a des valeurs multiples. Les arbres protègent contre vent, pluies violentes, grêle, insolations, favorisent la circulation capillaire à ses pieds, l’infiltration de l’eau dans la nappe phréatique.

Avec leurs racines et champignons associés, ils contribuent à lutter contre l’érosion, remontent à la surface ces minéraux du sol, mis à la disposition des cultures de surface

Enfin, avec 99 % de leur matière solide provenant du CO2 atmosphérique, ils constituent un puits carbonique, atténuant les effets du changement climatique.

Sensibilité

C’est d’une amitié et une estime réciproque entre Yann Arthus-Bertrand, le photographe de la « Terre vu du ciel », et Gérard Bertrand, le vigneron, qu’est né le projet agroforestier la région.

Tous deux expriment une grande sensibilité sur la défense et le respect de l’environnement, la volonté aussi de rassembler dans l’action toutes les bonnes volontés. Elle est bien connue du premier avec ses émissions à la télévision, son grand film « Home » et la création de lala fondation.

Elle l’est moins du second.

600 hectares

À la mort de son père, Gérard Bertrand, ancien rugbyman du club de Narbonne ( à l’époque trois fois vainqueur du challenge Yves du Manoir ), reprend l’exploitation familiale. De 60 ha, ses domaines en comptent aujourd’hui 600, avec 250 salariés.

La production, de 15 millions de bouteilles, n’a plus rien à voir avec le « gros rouge qui tache » ( longtemps piètre renommée de la région). Elle couvre les étagères d’un caviste de la plus basse, pour le rosé à 5 €, à la plus haute, un grand cru à 190 € la bouteille.

Biodynamie

Avant tout, cette forte personnalité, amateur d’histoire cathare, a converti la moitié de ses vignobles en culture biodynamique, un système de production inspiré de l’anthroposophie.

Tout domaine agricole est un organisme, aussi diversifié et autonome que possible, avec le moins d’intrants extérieurs (apports) concernant le vivant.

Embringués

S’inscrivant dans l’Action Carbone Solidaire de la Fondation Good Planet, soutenu financièrement par Gérard Bertrand, le programme agroforestier Languedoc-Roussillon ne veut pas bousculer les choses.

Agriculteurs, éleveurs de la région, comme ailleurs, se trouvent déjà embringués dans les problèmes d’évolution du marché, de modifications de la Pac et d’environnement, avant de vouloir bouleverser organisation et structure de leur exploitation.

Le pas

Il s’agit de les encourager, du moins à faire le pas vers l’agroforesterie, s’identifier et déposer un dossier. Un appel à projet en quelque sorte.

3 d’entre eux sont déjà partants. Leur activité va de l’élevage caprin, à la polyculture élevage /fruitière, en passant par la grande culture de céréalière.

Le poète Goethe affirmait que tout paysage est beau. Certains ont perdu cet attrait. Alors on imagine volontiers le morne plateau de la la Beauce alignant soudain dans ses champs, à perte vue, des rangées de sveltes peupliers (ou autres). Un rêve ? Qui sait.

———————

loeilducrapaud

Ils sèment à tout vent

Les dictionnaires Larousse et Robert ont pris le vent de l’écologie. Dans leur édition de la rentrée, ils ouvrent leur lexique à de nombreux termes : décroissant, climatosceptique, décarboner, écopastoralisme, déchétarien et même zadiste…

Soleil de Chine

Dans les premiers mois de 2015, la Chine a installé chez elle autant de production d‘électricité solaire que l’ensemble de la capacité existante en France, soit 33 gigawatts. Ce n’est qu’un début, annonce-t-on à Pékin.

Mais, en France, d’ici à la fin de l’année, on inaugurera près des communes de Cestas et de Marcheprime, en Gironde,  une usine solaire de 300 Mw, qui sera, semble-t-il, la plus puissante d’Europe.