COP 21 : Les dix raisons…

La Cop 21 laissera pour beaucoup un sentiment mitigé. Cependant, que 196 pays, des plus grands aux plus petits, parviennent à signer le même texte, c’est déjà une gageure. Il faut y ajouter le formidable succès diplomatique pour la France, comme le souligne un article en ligne du magazine allemand réputé, der Spiegel.

Pourquoi les négociations sur le climat de Paris peuvent être comprises comme un succès historique ? Voici les dix raisons, énoncées par le magazine, dont « lecrapaud » se fait l’écho ici.

1 Le président de la conférence, Laurent Fabius

Les négociateurs de Paris se sont dit impressionnés par la manière, dont Laurent Fabius a conduit et mené les débats jusqu’à leur terme, confirmant, selon la délégation allemande, que les Français sont certainement les meilleurs diplomates du monde.

Laurent Fabius a su prêter l’oreille aux représentants de tous les états, notamment à ceux qui craignaient devoir être laissés pour compte. Déjà au printemps dernier, il s’est soucié de pré-discussions au niveau ministériel pour préparer le terrain.

De plus, avec beaucoup d’intelligence, il a su créé, au bon moment,10 groupes de travail sur les questions les plus ardues, en en confiant la direction aux États les plus en mesure de les bloquer.

2 L’ombre des chefs d’état

Le coup de génie des Français, avoir réuni les chefs d’état pour une ouverture solennelle dès le premier jour. Leur présence a mis une forme de pression sur les délégués.

Dans les Cop précédentes, invités à la fin, ils ne pouvaient qu’entériner ce qui avait été déjà décidé par des délégations sur la défensive. Ce fut le grand désastre de Copenhague.

L’invitation faite par le Président Hollande de recevoir à Paris en préalable les chefs d’état, poids lourds, de la Chine, de l’Inde et des Etats-Unis a conféré un caractère symbolique fort à la conférence à venir.

3 L’avertissement de Copenhague

En décembre 2009, au bout de 2 semaines de cette Cop décrite comme la « plus importante conférence de l’histoire », il ne restait plus à tous ceux qui en furent les acteurs qu’à se couvrir de honte.

La raison de l’échec, une mauvaise organisation, autour d’un texte de départ de 300 pages. Les délégations s’étaient mal préparées, venues sans ligne de compromis. Les États eux-mêmes s’étaient repliés sur des positions extrêmes.

Considérée comme trop arrogante, la commissaire européenne, assurant la présidence, avait du démissionner, les discussions se poursuivant en d’autres lieux, ce qui annihilait le travail de la conférence.

Par ailleurs, les dissensions permanentes entre Les États-Unis et la Chine ont pesé sur les débats.

4 Obama

Pour le Président américain, l’accord sur le climat constituait comme une forme de testament de politique extérieure.

Tirant les leçons de l’échec de Copenhague, John Kerry et le chef de la délégation US, Stern, ont multiplié voyages et contacts dans le monde entier, pour que les opposants les plus farouches, tels que les pays pétroliers, acceptent de s’investir dans des négociations sérieuses.

5 Le smog en Chine

L’extrême pollution atmosphérique à Pékin et dans d’autres villes en Chine a contribué à populariser dans la population la lutte pour l’environnement. Un pic s’est produit durant la Cop.

Les Chinois ont par ailleurs reconnu que la « diplomatie du climat » peut avoir une grande influence sur les pays en voie développement.

À l’instar des Etats-Unis, ils ont fait pression sur leurs alliés afin de les rallier à l’accord de Paris. Et se sont associés volontairement, avec les vieux pays industrialisés, aux aides financières destinées aux pays du sud.

5 Une diplomatie de l’extrême

Les négociations ont couru sur toute l’année 2015. Les délégués des états se sont réunis par petits groupes pour amorcer les discussions, voire déjà conclure des premiers partenariats technologiques.

Cette diplomatie au long cours s’est révélée comme l’un des socles de la Cop 21

7 L’effet « balancier« 

Les 3 objectifs, élévation de la température, effet de serre et aides financières n’ont cessé de rebondir l’un contre l’autre. Quand l’un prenait du poids, l’autre perdait de l’importance.

Si, on est arrivé aux 1,5o de seuil pour le réchauffement, c’est en laissant la porte ouverte aux énergies fossiles, tant que leurs émanations peuvent être neutralisées dans l’atmosphère

8 Les énergies renouvelables

Les énergies renouvelables ont atteint un stade dans leur développement et la baisse des couts, qu’ils rendent la transition technologiquement possible. L’accord politique de Paris a pour mérite de rassurer les investisseurs.

9 La hausse des températures

La hausse des températures comme les pronostics quant à l’évolution du climat ont également joué leur rôle. Les conséquences environnementales se constatent déjà, notamment concernant l’élévation du niveau de la mer, sujet de grande inquiétude pour les états insulaires.

10 La puissance des États insulaires

Ils n’ont que peu de poids politique généralement. À Paris cependant, leurs objections sont devenues de plus en plus audibles. Ils ont même réussi, en se coalisant avec d’autres, à faire accepter dans l’accord final le seuil de 1,5o d’élévation du climat. »

À l’instant de la clôture, les principaux protagonistes autour de Laurent Fabius ont laissé échapper une larme. « Si je pleure, disait Clemenceau, c’est que je crois encore au bonheur ».

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« lecrapaud » remercie son lanceur d’alerte à Hambourg, Ute Walter