Climat, le Pentagone inquiet

Les militaires américains sont préoccupés, les effets du changement climatique posent des risques immédiats pour la sécurité nationale des Etats-Unis. La nouvelle surprend dans un pays si longtemps « climato-sceptique », notamment dans les rangs du parti républicain, viscéralement sensible par ailleurs aux problèmes de défense.

Glaciers perdus

S’il y a de nombreuses raisons de se préoccuper de l’état climatique de notre monde, il y en a une prédominante, en l’occurrence la fonte rapide des glaciers. Établi formellement dans une étude publiée par la sérieuse revue anglaise Science, Groenland et Antarctique ont vu fondre 4 000 milliards de tonnes de glace dans les 2 dernières décennies. Engendrant entre autres une première hausse du niveau des océans.

Volume, rapidité

Certes voir la banquise vêler n’est pas un spectacle nouveau. Mais la voir sombrer dans un tel volume et une telle rapidité, c’est la démonstration faite par une équipe américaine, sous la direction du réalisateur James Balog. Alors collaborateur de la revue National Geographic, Balog avait plaisir à photographier des glaciers pour les figer, fasciné par leur exceptionnelle beauté.

New York englouti

Puis, sensible à l’évolution du climat et de son influence néfaste sur la banquise, il décide de se donner les moyens d’un documentaire pour attester à l’évidence la disparition accélérée de nos réservoirs d’eau douce polaires. Il installe en certains sites une batterie de caméras, 25 par endroit, lesquelles ensemble prennent un cliché d’un large panorama toutes les heures, voir toutes les 15 ‘. Et voici qu’un jour, son équipe, positionnée sur le glacier Ilulissat au Groenland, peut observer le plus impressionnant effondrement d’un iceberg, jamais saisi par l’image, séquence par séquence.

Découvrez la plus impressionnante rupture d’iceberg jamais filmée au Groenland par Gentside Découverte

En l’espace de 75’ seulement, le glacier se fracture sur 1,6 km de long, 4,8 km de large et 1 km de profondeur. Comme si « toute la ville de Manhattan sombrait dans la mer d’un seul tenant ».

Primé

La séquence est extraite d’un film « Chasing Ice », résultat de 32 expéditions sur 16 glaciers différents avec un staff de 30 personnes. En attendant sa sortie en France, le documentaire est primé aux Emmy Awards 2014. On y note aussi que 19 glaciers du Pérou ont vu leur surface reculer de 40%, 40% en 40 ans.

Risques militaires

Retour aux États –Unis. Si les hauts gradés US s’inquiètent du changement climatique, le Pentagone en donne l’explication sans ambages: le dérèglement annonce des risques immédiats pour la sécurité nationale des Etats-Unis et leurs opérations militaires et humanitaires dans le monde. Dès à présent, le département de la défense dit s’organiser pour que ses missions ne soient pas compromises par la montée du niveau des eaux, les catastrophes naturelles plus fréquentes, la sécheresse, les pénuries d’eau et de nourriture, notamment dans les pays en développement.

Citerne à eau

Précisément, les 430 foyers d’une petite ville de Californie, Porterville, ne disposent plus d’eau courante, pluies et nappes asséchées dans cette vallée d’habitude verdoyante suite à 3 années quasiment sans pluie. En manière de dépannage, une citerne d’une eau plutôt propre mais pas potable, accessible à tous, a été installée devant la caserne des pompiers. « Ça n’arrive pas que dans le tiers-monde », remarque une habitante.

Fuir les côtes

Sécheresse donc, sans oublier, ajoute le Secrétaire à la défense américain, les mauvaises récoltes, entrainant des millions de personnes dans des vagues de migrations successives ouvrant la voie à des idéologies extrémistes, voire terroristes. On imagine déjà, de façon concrète, les interminables déménagements de casernes et bâtiments officiels militaires, situés en bord de mer, que provoqueront une montée importante du niveau des eaux de 18 à 60 cm, possible, si les glaciers devaient continuer à disparaître dans le même fracas.