« Ce qui est à moi est à toi », notre économie de demain

« Un jour, regardant le XX ème siècle, nous nous demanderons pourquoi nous possédions tant de choses », réflexion prémonitoire d’un journaliste du Time. Car, lentement mais sûrement, nos sociétés entrent dans une nouvelle ère, celle du partage.

La notion n’est pas nouvelle, elle est déjà inscrite sur les pas de Jesus. Mais dans la foulée de l’industrialisation et de la croissance à tout prix sont nées des sociétés de consommation ventrues, voraces, de plus égoïstes.

Dans ce monde, où il y a suffisamment de tout (mais pas pour tous), une idée chemine avec force depuis quelques années, ouvrons grand les portes à la consommation « collaborative ».

Une société bouleversée

Pour le même magazine « Time », l’une des dix idées, qui vont changer le monde.

La crise, qui sonne quotidiennement le branle-bas dans nos vies est passée par là. Probablement unique en son genre, puisqu’elle bouleverse l’ensemble des fondamentaux de nos sociétés. De la nôtre particulièrement.

« La société française semble taraudée dans ses profondeurs, elle glisse de la défiance au rejet, de l’inquiétude à l’anxiété, du repli sur soi à la peur de l’autre, du pessimisme au catastrophisme », selon une récente étude Ipsos.

Se prendre en mains

Selon un autre sondage cité dans le remarquable livre blanc de l’association «  I LokYou, « voyant que rien ne vient des corps intermédiaires et des institutions, les Français acceptent de se prendre en mains, en endossant de nouvelles responsabilités ».

On assiste en effet à une véritable rupture dans les modes de consommation. Le système D se refait une santé, l’achat d’occasion ne fait plus honte, la récupération est tendance et (anachronisme dans notre nature profonde) on joue plus « groupiert » que jamais.

Un décollage fulgurant

Autre surprise, les Français, lents au démarrage concernant le Web, sont aujourd’hui hyper connectés : 31millions de cyber consommateurs, 26 % de plus qu’en 2009 ! Un décollage de navette spatiale.

Si l’invention de la machine à vapeur marque la première révolution industrielle, Ford et sa T la deuxième, celle de la production à la chaîne, l’arrivée de l’ordinateur la troisième, Internet signe la quatrième, en marche.

Le triangle millénaire

Car Internet rend possible, dans la seconde et dans la facilité, toutes les connexions – et par suite tous les échanges – possibles et imaginables dans le triangle millénaire de la marche du monde : consommateurs-producteurs-biens et services.

Si les êtres humains échangent entre eux depuis la nuit des temps, Internet indiscutablement ouvre à l’économie  de partage un immense avenir.

Des valeurs plus sages

S’éloigne dans nos souvenirs « l’existentialisme du panier de course », cette logique de consommation, chauffée à blanc par le marketing, qui nous faisait croire qu’elle signait notre bien être absolu et notre ascension sociale.

La crise de 2008 a œuvré sur la planète consommation comme un ouragan balayant les petites Antilles. Laissant dans son sillage des valeurs plus sages, durabilité, proximité, responsabilité, solidarité, environnement.

Américains pionniers

L’économie grise trouve son souffle dans la baisse du pouvoir d’achat et la peur grandissante de l’avenir proche, quand on ne veut déjà plus songer à ce que sera le futur lointain.

On estime à 100 milliards de $ le marché mondial de la consommation collaborative. Comme à l’habitude, les Etats Unis, pionniers, ont mis le train sur ses rails.

« airbnb », champion et symbole

Au seul premier semestre 2012, les dernières startups, montés en marche, ont bénéficié de 400 millions de $ d’investissements.

Champion toutes catégories, « airbnb », 5 ans d’ancienneté, qui ouvre l’accès à des logements en chambres ou appartements chez les particuliers dans le monde entier, a été valorisée à 1, 3 milliard de $ (« airbnb », combinant le matelas gonflable (air) et le bed and breakfast).

Avec à New York un potentiel de « nuitées possibles » déjà plus important que l’ensemble du parc hôtelier.

L’accès au marché global

« covoiturage.fr » annonce enregistrer 100 000 nouveaux inscrits chaque mois en France et avoir transporté plus de 300 00 personnes sur nos routes en une seule fin de semaine.

Adresse également incontournable, le succès d’« Ebay » est tel que, soudain, des millions de personnes sont devenues « marchand ». Sous nos yeux l’ordinateur est passé du stade de traitement de texte à celui d’une place de marché planétaire, accessible à tous.

Le droit à l’usage

Ainsi se dessine le portrait d’un nouveau consommateur, qui ne sera plus attaché à la notion de consommation, symbole de position sociale, «  regarde ce que je possède et tu sauras qui je suis ». Du « droit à la propriété », il revendiquera le « droit à l’usage ».

Il ne s’agira plus d’acquérir un objet pour soi seul, une perceuse que l’on utilise occasionnellement, mais de jouir de son usage, juste le temps qu’il faut. « « What’s mine is yours ».

Un tsunami à venir

En cause, au bout du compte, apprendre à vivre sur cette planète en acceptant que ses ressources sont limitées. Mettre un terme au gaspillage, tordre le cou à l’obsolescence programmée, fermer le robinet des surcapacités, retrouver une efficience industrielle et économique.

On imagine volontiers le tsunami de cette évolution  sur l’industrie et le commerce.  Etat comme l’Entreprise n’en ont, semble-t-il, pas encore mesuré l’ampleur, ni anticipé ses impacts (à l’exception de l’industrie automobile).

Il serait temps qu’ils s’y mettent.

Le livre blanc de « I LokYou », «  l’avènement de la consommation collaborative : quel modèle économique en France en 2030 ? » peut être aisément téléchargé.