Californie : les pelouses du désert

Tandis que certains pays d’Europe, la France notamment, n’ont jamais connu d’été aussi pluvieux, l’Amérique plonge dans une sécheresse sans précédent.

Les catastrophes s’enchaînent, les récoltes plongent et, en Californie, on commence, faute de pluie, à sacrifier les trop belles pelouses, signature d’une maison bien tenue.

La municipalité de Los Angelès a pris le pas, en édictant un : «  Gazon contre dollars », initiative par laquelle elle entend amener ses administrés à revoir la gestion de leur gazon, à raison d’un bonus de 3$ par un tiers de mètre carré revisité à l’économie.

Bonheur des paysagistes

Alors les paysagistes s’en donnent à coeur joie, vous proposent d’élégantes compositions, mariant pierres, galets, paillis, plantes grasses et autres graminées peu gourmandes en eau.

C’est que le gouverneur de l’État vient d’interdire l’arrosage des pelouses plus de 2 fois par semaine et demande la mise au rencart de ces systèmes de jets automatiques, dont les projections liquides atteignent les trottoirs et débordent en flaques dans la rue.

Et les golfs ?

Aux yeux de certains, la mesure n’est pas satisfaisante, elle devrait également frapper les golfs, non soumis à restrictions à l’inverse des particuliers.

Le manque de pluie se poursuit depuis 3 ans et les 38 millions d’habitants de l’agglomération commencent à s’inquiéter.

Si les pelouses plus « écolos », jardins secs ou aromatiques, gagnent la faveur notamment des quartiers chics, des municipalités préfèrent la contrainte à l’incitation.

Jaunissement interdit

Ayant décidé, inspirées par des associations de riverains, d’infliger des amendes aux résidents laissant jaunir leur gazon, sanctions finalement annulées par le gouverneur de Californie.

De petites entreprises ont vite su en tirer parti et leur proposent de « reverdir » l’herbe en perdition avec des jets de couleur ! Fraîcheur revenue, prétendument naturelle.

2 compteurs

Pour une chercheuse de l’Université de l’UCLA, il suffirait de décider l’installation de 2 compteurs d’eau, un pour la consommation « intérieure », alimentation, entretien corporel et domestique, un autre « extérieur » destiné à nourrir le gazon ou laver la voiture, généralement 60% de la consommation, cette dernière, étant facturée plus cher.

Le sort du gazon peut passer pour un souci mineur, face au développement des incendies de forêts, comme l’ont vécu récemment les États de Californie, Floride, Idaho, Utah, Texas, Arizona.

Été dévastateur

Certains parmi les plus importants recensés jusqu’à présent. Les climatologues craignent un été dévastateur , le nombre de ces feux d’été, champs et forêts, augmentant sans cesse.

Rappelons que l’an dernier, au nord-ouest de Phoenix, 19 pompiers sont morts suite à un retour de flammes poussé par des vents violents.

26 États

L’on souffre aussi dans la fournaise des villes, Chicago (Illinois), Saint Louis (Missouri), chapeautées par des chaleurs aux alentours de 39/40o.

L’état de catastrophe naturelle a été décrété dans 26 États, à l’est, les côtiers autour de la Floride, ceux du centre et plus de la moitié du Grand Ouest.

Le maïs du « Corn Belt »

Dans 1000 comtés du pays, les fermiers observent avec effroi le dessèchement de leurs terres, champs et pâturages, « à un point rarement constaté depuis 18 ans », selon l’Agence NOAA.

Les territoires du « Corn Belt » sont entrés en situation de sécheresse intense, avec des conséquences désastreuses pour les agriculteurs, aussi pour l’alimentation animale locale et internationale.

Prier, prier

Qu’ils en viennent pour certains à afficher des pancartes à l’entrée de leurs exploitations « Pray for rain » ( prier pour la pluie), tels les Indiens des plaines, en dit long sur leur désespoir.

La proportion des plants de maïs jugés « bon à excellent » est tombée de 40 à 31% et l’on sait à quel point le sujet est sensible pour les producteurs américains, autant que pour leurs assureurs.

Le poulet s’enflamme

Il l’est aussi par force pour les consommateurs, l’augmentation des coûts de production se répercute notamment sur le prix du kilo de poulet à l’étal, de 12 %, et sur celui de la viande bovine évidemment.

Ce dont profitent les braves traders de la bourse de Chicago, au rayon matières premières agricoles, dont le cours grimpe alertement.

Aridification installée

Interrogé sur l’accroissement régulier et persistant de la sécheresse aux États Unis, le professeur, Richard Steager, de l’Observatoire de la Terre à l’Université de Columbia, affirme sans détour :

« Si l’on en croit nos modèles, le Sud-Ouest américain est engagé dans une aridification qui devient permanente ».

Laquelle frappe, entre autres, le cœur du rêve américain, cette Californie, modèle d’évolution technologique et d’art de vivre. Le « Golden State » transformé en « Dust State » ((État de la poussière), selon le Huffpost.

Ça bouge

Canaux d’irrigation vides, l’eau payé au prix d’un litre de pétrole, puits artésiens creusés de plus en plus profondément, nappes phréatiques épuisées.

Au moins la situation aura-t-elle le mérite de convaincre de plus en plus d’Américains, et leurs élus, que le réchauffement climatique n’est pas seulement une réalité avec la fonte des glaciers en Alaska ou la hausse du niveau de l’eau en Micronésie!

Les lignes semblent commencer à bouger chez les Républicains, les plus indifférents.