Autour du monde… sans CO2

Franco-libanais d’origine, breton d’adoption, Jean-Gabriel Chelala a réalisé un tour du monde sans précédent dans les annales des aventuriers d’un jour.

Progressant sur terre à vélo assis ou couché, dans un prototype de canot à pédales, baptisé vel’eau, ou en kayak, sur mers et rivières, il signe un tour du monde écologique, avec sa seule force, 0 gramme de CO2 consommé, donc entièrement écologique.

De Paris à Paris, il a parcouru 33.000 km, à travers 9 pays, heureux de tant de peuples et cultures rencontrés.

« Qu’est-ce qui m’a amené, un 13 janvier, à donner rendez-vous à mes amis sur le parvis de Notre Dame de Paris, pour le premier coup de pédale de ce grand tour de plaisir, d’imprévu, de souffrance aussi ?

Scout d’abord

J’ai grandi au Liban durant les conflits armés des années 80. Dans les années 90, j’ai fait parti des Scouts de France avec qui j’ai vécu de grandes aventures d’adolescents. C’est sans doute dans la lignée de ces expériences, que le déclic s’est fait.

Petit à petit durant les 2 années de préparation, mon objectif se dessine : Boucler un tour du monde sans CO2, à la seule force humaine. L’objectif sera de montrer que l’écologie et plus précisément l’économie d’énergie n’est pas une utopie, que les solutions existent, qu’elles sont nombreuses, mais qu’elles dépendent – comme souvent – de la volonté des gens.

1,65

Une façon à mes yeux d’amener chacun à réfléchir à ses actes, ses attitudes au quotidien et au devenir de notre planète.

En ce jour de janvier donc, le premier objectif est de rejoindre le sud du Portugal à vélo. Chose faite après 21 jours de route. Avec mon 1,65 m sous la toise et mes 54 kg sur la balance, le défi que je me lance est autant physique que moral.

Novice

Quand je mets mon « vel’eau » à l’eau pour la traversée de l’Atlantique, je lis plus de 9.000 km à venir sur mon GPS, les jours de route que je viens de faire me paraissent bien faciles, même en janvier. Je ne connais que peu de choses de la mer, rapidement je vais découvrir les grands aléas du large, les tempêtes, les creux de 6 mètres et les … les pétroliers.

Je perds mon gouvernail aux portes des Canaries, les pêcheurs locaux m’aident à réparer et je repars.

île d’ordures

En sortant des Canaries, je tombe sur un banc de plusieurs centaines de mètres carrés de sacs, de chaises, de portes de placards et d’objets en tout genre. J’enrage en découvrant ces étendues d’ordures, comme une île artificielle.

Ouragan

A trois jours de mon arrivée dans les Antilles, mon ordinateur tombe en panne. Je n’ai plus de cartes et aidé par radio par les garde-côtes je réussis à rejoindre in extremis l’île de Saint Martin. En rentrant dans Miami après 4 mois de mer, j’évite à quelques jours près le passage d’un ouragan dévastateur.

J’ai réussi mon premier pari en joignant deux continents sans CO2 à mon passif. En août, je choisis un vélo assis pour la grande traversée de l’Amérique du Nord. Près de 7.500 km pour rejoindre l’Alaska.

Le choix de ce type de vélo s’impose par lui-même, car plus confortable et plus rapide qu’un vélo traditionnel. Et, en l’occurrence, s’adapte à mon itinéraire américain qui sera en grande partie plat.

Pionnier

Mon vélo couché s’avère aussi être un excellent moyen de communication. Petits et grands viennent à ma rencontre, curieux de découvrir cet engin original. Américains et Canadiens font preuve d’une grande hospitalité et me proposent souvent le couvert et le couchage. Je prends plaisir à les écouter me raconter leur aventure et celle des premiers pionniers de ces régions.

Survie

Après être arrivé au nord du Canada en novembre, le dégel m’impose 6 mois de pause. En mai un an plus tard, j’entreprends la descente de la Yukon River en kayak, 4e étape de mon expédition. Au cœur d’une nature sauvage, dangereuse et fascinante à la fois, indiens et esquimaux vivent encore en harmonie totale avec la nature au rythme des saisons. Ils chassent et pêchent pour préserver un environnement, un équilibre vital, pour leur propre survie !

Hypothermie

Juillet 2009, c’est toujours en kayak que je me lance dans la traversée de la mer de Béring. Après 7 jours de mer et 36 heures de tempêtes, je dois me résoudre à demander l’aide aux garde-côtes américains. Hélitreuillé et conduit à l’hôpital de Nome, à l’extrême ouest de l’Alaska, je suis diagnostiqué en état d’hypothermie avancé.

Pourtant, je trouve la force de repartir, reprends la route et enfourche mon vélo à Khabarovsk en SIbérie, à quelques centaines de kilomètres au nord de Vladivostok. J’aligne les kilomètres, traversant plusieurs pays : Russie, Biélorussie, Pologne, Allemagne jusqu’à mon arrivée en décembre 2009, après 12.000 km de route, au Salon nautique de Paris, accueilli par les flonflons de la fanfare de St Malo. »

crapaud’not’

Cette aventure, ici relatée succinctement, a fait l’objet d’un livre « 48° Nord ». Il vient de recevoir le Prix 2014 de la prestigieuse Société des Explorateurs français, pour le premier tour du monde écologique – 100% énergie humaine – 0% CO2 (En dehors, bien sûr, du transport d’équipements, des ravitaillements et des transferts imprévus).

Le prix de la Société des Explorateurs Français couronne chaque année un ouvrage traitant d’une expédition singulière, porteuse des valeurs d’engagement, d’audace, d’originalité, de découverte et d’esprit d’aventure.

Ingénieur ETP de formation, Jean-Gabriel Chelala (33 ans) dirige une entreprise consacrée, logiquement, aux énergies renouvelables.