Le crapaud - Nicolas Jacquette - abeilles, une bataille gagnée contre cruiser

Abeilles 3 : Une bataille gagnée contre le pesticide « Cruiser » ?

« ABEILLES OUI, CRUISER NON, NON ET NON »… Ainsi manifestaient des apiculteurs à Grenoble en octobre dernier. La confrontation des butineuses avec ce pesticide revient à l’ordre du jour. Suite à une étude scientifique publiée récemment dans la revue américaine de qualité Science.

Les deux chercheurs français, auteurs, ont marqué 653 abeilles en collant sur leur thorax une puce à radio-identification, sorte de GPS approprié. Ensuite ils leur ont injecté une dose de thiaméthoxan, l’une des matières actives du Cruiser OSR, qu’on utilise notamment pour la culture du colza.

Pour constater, qu’une fois imprégnées, les abeilles avaient du mal à retrouver leur ruche, le produit interférant sur leur système cérébral de géolocalisation, ce qui réduit leur chance de survivre. Les populations exposées au pesticide chutent à un niveau tel qu’il rend leur renouvellement impossible.

Ce n’est évidemment pas l’avis du groupe suisse, géant de l’agrochimie, Syngenta, qui conteste fermement l’étude, avançant notamment que la dose injectée est trente fois plus élevée que celle du nectar de colza protégé par le pesticide.

Réplique des chercheurs : L’étude a été conduite avec une dose qui peut être rencontrée en conditions réelles. Et qu’il s’agissait d’abord d’observer le danger du produit sur l’abeille, en tout état de cause.

Des chercheurs britanniques ont mené de leur côté un travail sur un autre pesticide, appelé imidaclopide, soumettant abeilles et bourdons à des doses comparables à celles rencontrées dans la nature. Avec le même type de conséquence pour les insectes, soit des troubles de mémoire et d’oreintation.

Confrontés aux multiples problèmes qui menacent leurs ruches, les adhérents de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), qui militent de longue date contre le Cruiser, se félicitent des résultats de l’étude. Et demandent une interdiction immédiate, alors que le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire, souhaite, avant d’en prendre la décision, accélérer les recherches en plein champ jusqu’à la nouvelle campagne de semences en juillet. Pour avoir confirmation du danger par l’Agence de sécurité sanitaire.

Est-il encore besoin d’attendre, interrogent les apiculteurs ?