Le crapaud - Nicolas Jacquette - Une grenouille qui salue le monde, des chauves-souris qui piquent du nez

Une grenouille qui salue le monde, des chauves-souris qui piquent du nez

Elle n’est pas tombée d’une planète lointaine, mais des chercheurs l’on trouvée en Nouvelle-Guinée, qu’on sait riche de biodiversité, parce que longtemps terra incognita. Saluons donc la découverte d’une congénère de notre crapaud, une grenouille de 7,7 mm. Mais la science s’inquiète de plus en plus de l’extinction des espèces.

Nouvelle venue dans les 60 000 espèces connues de vertébrés, cette grenouille minuscule fait son entrée dans le bestiaire sous le nom latin de Paedophryne Amuensis. (Source afp). Et sera candidate au Guinness des records, car, avec moins d’un centimètre de taille, elle passe aujourd’hui pour le plus petit vertébré du monde. Placée sur une petite pièce de monnaie, elle ne l’occupe même pas à moitié.

La tâche n’a pas été facile pour les biologistes sur le terrain du département d’herpétologie de Louisiane (Usa) étant donné sa taille bien sûr et surtout, parce que le mâle émet de façon surprenante un cri d’insecte durant la période des amours.

Dans les travaux scientifiques, il y a les bons et les mauvais jours, comme partout. Aux Etats Unis et au Canada, on s’inquiète fortement des ravages que cause le syndrome dit « du nez blanc » sur les chauves-souris. Entre 5 et 7 millions d’individus y ont succombé, prises soudain de comportements bizarres, allant voler à l’extérieur en plein jour, de plus pendant les mois d’hiver ou se regroupant à l’entrée de leur lieu d’habitation, au lieu de se mettre à l’abri au fond.

Neuf de leurs espèces sont affectées par ce champignon « Geomyces Destructans », détecté en 2007 dans l’Etat de New York, qui s’étend aujourd’hui dans 16 États du Nord-Est américain et 4 provinces canadiennes, avec souvent un taux de mortalité de 100%. Une sorte d’attaque fongique, elle se repère par l’anneau blanc autour du museau des animaux contaminés, déclenchant ou accompagnant éventuellement une infection virale ou bactérienne.

Aux yeux des spécialistes, cette épizootie pose de graves problèmes. D’abord en ce qui concerne l’espèce en soi, sachant que le rythme de reproduction des chauve-souris est lent ( 1 petit par an ) et que origines, causes et facteurs aggravants de l’épizootie demeurent mal cernés ( des protocoles sont mis en place en France pour de nécessaires prélèvements sur les chiroptères potentiellement porteurs ). Mais aussi pour les agriculteurs d’un point de vue économique

On sait que les chauves-souris se nourrissent d’insectes et autres nuisibles, qui portent dommage aux récoltes mais autant qu’aux forêts. Ce « bénéfice » a même été chiffré, évalué jusqu’à 3,7 milliards de $ de « gain » annuel pour les agriculteurs, selon une étude de la revue Science.

L’épizootie du « nez blanc » illustrerait-elle la menace mise en valeur en avril dernier d’une sixième extinction massive, avec laquelle le monde actuel serait confronté ?

« Si l’on observe uniquement les mammifères, dont le risque d’extinction est d’au moins 50 % dans trois générations, et si l’on suppose qu’ils disparaitront dans 1000 ans, nous faisons face à une situation anormale, dit l’auteur principal de l’étude, Antony D. Barnosky, de l’Université de biologie intégrative de Berkeley.

Si, en plus des espèces dites « gravement menacées », l’on intègre dans la projection celles classées « en danger » ou « vulnérables », cette sixième extinction interviendrait dans un délai de 300 à 2 200 ans.

A l’heure actuelle, 3565 espèces sont considérées comme « gravement menacées sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Concernant les mammifères, leur taux de disparition est élevé, plus encore ceux des amphibiens, des coraux, aussi des conifères dans le monde végétal. Même si l’ampleur reste encore relativement faible, elle doit nous alerter.

Des épisodes majeurs, essentiellement géologiques ou climatiques ponctuent les 5 extinctions massives précédentes, dont la première remonte à 500 milliards d’années, la plus connue (et médiatisée) étant la disparition des dinosaures due à l’impact météoritique. Mais aujourd’hui, l’on n’est plus dans la configuration d’événements de ce genre.

La révolution industrielle signe en effet le début d’une nouvelle ère géologique, baptisée « anthropocène », telle que la définit le Prix Nobel de chimie, Paul Crutzen, soit la période à partir de laquelle l’action de l’Homme sur le système terrestre est devenu prédominant, soit vers la fin du 18ème siècle. Action multiple et dévastatrice.

Déforestation, perte d’habitats, pollution, industrialisation, surexploitation des terres, espèces envahissantes, déstockage des énergies fossiles, changements climatiques, etc. , toutes ces agressions provenant de l’activité humaine interviennent sur la vie au sens large, en premier lieu sur la biodiversité. Ainsi, pour exemple, l’éléphant de Sumatra aura disparu dans moins de 30 ans, si rien n’est fait pour stopper la destruction de son habitat naturel.

« La progression continue de la disparition des espèces entraînerait des effets imprévus et irréversibles sur l’humanité et son environnement », selon la Fondation nationale des sciences – américaine -(NSF), qui a financé les recherches.

C’est un autre forme d’extinction qui pourrait s’amorcer au Royaume uni. En raison de la crise, les propriétaires de chevaux les abandonnent en masse, ou les font abattre, n’ayant plus les moyens de s’en occuper. En 2010, plus de 8000 chevaux ont pris la direction de l’abattoir, 50 % de plus que les années précédentes. Dans certains marchés aux bestiaux, les animaux s’échangent pour 5 £ (6 €), quand ils ne sont pas maltraités ou mutilés par des éleveurs qui les considèrent désormais comme des biens sans valeur.

“lecrapaud.fr” garde l’oeil

Il ne faut pas aller en Nouvelle-Guinée, terre encore à défricher en partie, pour mettre à jour de nouvelles espèces. Ainsi, des scientifiques ont eu la surprise de découvrir une grenouille léopard, non répertoriée, en plein New York, probablement du côté du stade des yankees dans le Bronx. Elle n’a pas encore de nom mais se distinguent par un coassement très court et répétitif. L’analyse ADN a confirmé qu’il s’agissait d’une nouvelle variété. (17/3/12)