Le crapaud - Nicolas Jacquette - Amérique la chasse aux siphonneurs d'essence

L’Amérique s’embrouille dans le prix de l’essence

Le pays s’agace. Avec l’augmentation du prix de l’essence – merci les spéculateurs, le prix du gallon est passé à 3,88 $ , soit au cours actuel, l’équivalent de 2,71 €. (un gallon égal 3,78 litres). Ce qui veut dire que le litre de gazoline coûte là-bas 0,71 € , la moitié du prix en France, on en rêverait ! L’augmentation de 2008 avait déjà bouleversé des habitudes locales.

Que constate-t-on aujourd’hui ? De plus en plus nombreux sont ceux qui, après un plein à la pompe, se font la belle sans payer, notamment dans les stations qu’on appelle « Stop-N-Go ». Les statistiques grimpent en flèche pour atteindre déjà 1% des ventes dans certaines chaînes de distribution. Sans parler des particuliers qui retrouvent au lever le réservoir de leur auto à sec. Petits délits qui prennent parfois une autre ampleur. Un loueur de camions a constaté qu’on avait siphonné 280 gallons (plus de 1000 litres) dans ses véhicules, ce qui l’a obligé à renforcer drastiquement les mesures de surveillance. Ou cette entreprise de travaux publics qui s’est fait voler pas moins de 1500 gallons.

Les New Yorkais ont d’autres raisons de douter du monde dans lequel on les fait vivre. Les « checkers », ces taxis jaunes, longs comme un jour sans pain, suspendus comme des bateaux dans la houle, aux banquettes meurtries, sont bons pour la casse. Le film Taxi Driver les a rendus célèbres, autant que certaines confessions amoureuses derrière la vitre de séparation avec le chauffeur. Ces Ford Crown Victoria encaissaient facilement 300 000 kilomètres, disposaient d’un énorme coffre, étaient faciles à réparer, mais les chauffeurs en avaient assez d’un 8 cylindres laissant la moitié de leurs courses à la pompe, à plus forte raison aux prix actuels… Le maire de la ville, Michael Bloomberg, très avide d’avant-garde, a voulu trancher. Ayant tenté sans succès de convaincre les sociétés de location de passer aux modèles hybrides, style yeux bridés, puis d’instaurer des taxis collectifs façon Afrique profonde, il a mis aux votes 3 modèles susceptibles de renouveler la flotte (13 000 véhicules), choix qui a porté sur la Nissan NV200 – disponible en Europe depuis 2009, moitié auto devant, utilitaire derrière. Les ricanements n’ont pas manqué, note la Süddeutsche Zeitung, ce n’est pas « le taxi de demain mais la camionnette d’hier », bientôt « New York ressemblera à un parking de la poste».

Certes la Nissan, de motorisation classique, est bien équipée en accessoires, de plus idéale pour transporter une famille de 3 enfants, belle-mère et chien avec. Que le modèle soit japonais, de plus monté au Mexique, n’a pas arrangé l’affaire. Encore plus exaspérant pour les habitants de la Grande Pomme, leur maire n’a fait aucun cas des résultats du sondage (en faveur du modèle turque Karsan), auquel il les avait conviés et dont les spots ont nourri la télé durant des mois. Seule consolation : dès 2012, le constructeur mettra à disposition des sociétés de taxi des Leaf, voitures entièrement électriques, pour un test grandeur nature.