Le blues des feuilles d’automne

Si vous avez l’œil, prenez le temps d’observer la couleur des feuilles d’automne. Il paraît que leur palette, ces jaunes et rouges intenses pour certaines espèces comme l’érable, sont à l’image de la situation générale économique, ternes, ternes. Ce serait le cas notamment sur la côte ouest des Etats-Unis, en Nouvelle Angleterre, des millions d’Américains s’y déplacent chaque année, venant de tout le pays pour se repaître des couleurs sanguines, flamboyantes de l’été indien…


La cause de cette perte d’intensité serait le changement climatique (Rien à voir évidemment avec la situation économique bien entendu). Les habits colorés des feuilles changent avec l’arrivée de journées plus brèves, de nuits plus froides, un soleil plus parcimonieux. La chlorophylle de départ leur donne le vert et les sucres pour transformer le CO2. Quand, avec le vieillissement, ce pigment vert nécessaire à la photosynthèse se décompose, il laisse la place aux pigments jaunes et rouges, dits caroténoïdes, d’abord cachés, jusqu’à la montée de cet embrasement pourpre. Qui correspond à une vraie dépense d’énergie mais sur laquelle on s’interroge encore.

Selon une explication récente, les pigments rouges agiraient comme des photoprotecteurs pour permettre à l’arbre de récupérer le maximum de nutriments avant la chute. Constater le changement chromatique à l’oeil nu n’est pas chose probante, encore moins scientifique et comparer l’intensité d’une année sur l’autre encore plus difficile. Aussi , les chercheurs s’aident de webcams braquées sur les arbres et pensent en tirer des enseignements fiables. La météo est en cause sans doute. Alors que la sécheresse entraîne une chute prématurée des feuilles et donc une évolution plus rapide de son brunissement, la couverture nuageuse ralentirait la montée des pigments rouges. Les érables, premiers sur la ligne de mire, souffriront probablement du radoucissement à plus longue échéance, ces arbres aiment le bon froid.
s/ national geographic