Que les communes, d’ici et d’ailleurs, commencent à rivaliser pour satisfaire une politique locale de développement durable, tant mieux. Elles pourraient prendre modèle sur celle de Beckerich, au Luxembourg, 2700 habitants…
Cela fait 25 ans que le député-maire du lieu, écologiste convaincu, mobilise ses ouailles dans ce sens. Projet le plus ambitieux, celui d’associer 19 agriculteurs locaux, lâchant un investissement de 5 millions d’€, dans un « digesteur ». Sorte d’énorme cuve fermée, où sont versés lisier, déchets végétaux et huiles végétales, portés à 38° et privés d’oxygène. Il en sort, après 40 jours, du biogaz pour produire, brûlé, de l’électricité pour 700 ménages et de l’eau chaude pour le réseau de chauffage. 90% des familles en bénéficient aujourd’hui et économisent 500€ par an. Autre réalisation d’envergure, une chaudière de 30 mètres actuellement en construction, pour brûler des copeaux de bois et fournir une deuxième source de chaleur.
Le moindre mérite du maire n’est pas d’avoir réussi à intéresser plusieurs des 260 petits propriétaires de 400 ha de forêt privée, en plus des 700 communaux, à vendre ou échanger leurs parcelles. Sous forme de troc notamment : « tu me donnes ton bois, je te réduis ta facture énergétique ». Mais l’action publique n’exclut pas les initiatives individuelles, tel cet habitant qui a changé sa chaudière au gasoil pour un boîtier, échangeur d’eau chaude et froide, branché sur le réseau général. Par ailleurs, 10% habitants ont installé sur leur toit des panneaux solaires. Et se laissent inciter pour certains, avec une prime de la mairie, à renouveler leur équipement électroménager pour des appareils « basse consommation ». Réduire les gaz à effet de serre pour l’ensemble de la commune de 50% jusqu’à 2010, objectif possible. En visant, 10 ans plus tard, une totale autarcie énergétique ? Ce qui compte, dit le maire, ce n’est pas la date mais le but.
s/Le Monde