Le crapaud - Jérôme Liniger - Le cinéma de brousse peut sauver la nature

Le cinéma de brousse pour sauver la nature

Il est connu dans tout le Sénégal, avec sa chemise à fleurs violette, son vieux chapeau de paille, son visage taillé à la serpe. Cela fait 23 ans qu’Haïdar El Ali se bat contre toutes les destructions infligées à l’environnement en Afrique de l’ouest…

Ancien moniteur de plongée sous-marine, présidant l’ONG environnementale, « Océanium« , El Ali, 55 ans, d’origine libanaise, s’est fait connaître en projetant dans les villages les films qu’il a pris de l’abattage intensif de la forêt sénégalaise et des régions devenues semi-désertiques en quelques semaines, ou de la mer-poubelle au large des côtes, encombrée de sacs et d’objets plastique et des ressources halieutiques qui se font de plus en plus rares pour les pêcheurs. « Eveiller les consciences » c’est son credo, chaque drap blanc tendu comme écran dans le moindre village ou école sert son propos, car le film lance le débat et le débat une prise conscience. Il ne s’agit plus ici de développement durable mais de sauver ce qui peut l’être encore. Le secteur de la pêche, qui nourrit 2O% de la population locale, est particulièrement inquiétant, d’autant que les voisins Ghanéens et Guinéens, privés de prises chez eux, investissent les eaux sénégalaises. Aussi l’ONG défend-elle les « aires marines protégées » (AMP), des zones communautaires où la pêche est très réglementée, mais les moyens de surveillance peu efficaces. Tout aussi urgent, les problèmes de reboisement, notamment dans les mangroves, où se nichent volontiers les poissons. Avec l’aide de la population, l’ONG ne cesse de replanter des propagules de palétuviers. 500 000 plants en 2007, probablement 100 000 millions en 2008. Et va distribuer aux villages qui le demandent des semences d’arbres fruitiers. Côte gouvernemental, l’inertie est totale, selon El Ali, mais il est confiant : l’écologie finira par gagner l’Afrique de l’ouest grâce à l’émergence de nouveaux acteurs et leaders. ‘ »’s/ nat geo »’